Viennoiserie
Le 22 août 2011
Un Malkovitch éclatant dans un film d’une beauté somptueuse, mais Ruiz pris au piège de trop vouloir en dire.
- Réalisateur : Raúl Ruiz
- Acteurs : John Malkovich, Veronica Ferres, Saffron Burrows, Stephen Dillane, Nikolai Kinski
- Genre : Biopic
- Nationalité : Britannique, Français, Allemand, Autrichien
- Distributeur : Gémini Films
- Durée : 2h07mn
- Date télé : 31 août 2024 22:50
- Chaîne : TCM Cinéma
- Date de sortie : 26 avril 2006
- Festival : Festival de Berlin 2006
Résumé : Paris, 1900. Klimt est fêté à l’Exposition universelle pendant qu’il est condamné à Vienne comme provocateur. Il vit sa vie comme il la peint, ses modèles sont ses muses. Klimt est en avance sur son temps. Ses relations passionnées avec les femmes et sa quête éternelle de Perfection et d’Amour se reflètent dans toutes ses œuvres. La controverse atteint son comble lorsque que Klimt détourne ses allégories "scandaleuses" et les rachète.
Critique : Le Grand Palais nous avait offert une somptueuse exposition autour des peintres viennois. Klimt est bien dans l’air du temps, et Raoul Ruiz vient tout naturellement nous en donner son interprétation personnelle. Une vision de l’art qu’il aiguise de film en film, explorant à nouveau les classiques, de Proust à Saint-Exupéry en passant par Alain-Fournier, quand il ne s’échappe pas du côté du réalisme magique qui a nourri son enfance chilienne. Klimt n’est rien d’autre qu’une pièce de plus au labyrinthe qui fait l’univers du cinéaste. Une exploration inlassable de l’art et de ses zones d’ombre pour tenter d’approcher le mystère de la création. Klimt n’est donc en rien une biographie mais un va-et-vient incessant entre la vérité et son reflet dans les enfilades de miroirs des cafés viennois. Car au cœur du propos, il y a évidemment l’image. Celle de Klimt, l’image impossible de la femme impossible, celle qui se dédouble pour mieux disparaître, celle qui pourrait être toutes les autres si ce n’était une enveloppe vide, une inexistence dont le peintre cherchera la substance jusqu’à sa mort. Celles de Georges Méliès, aussi, qui étourdit Paris de cette réalité à n’y pas croire, qui s’y substitue, usurpe des identités, des certitudes. Enfin, il y a l’image de Raoul Ruiz, enivrante, tourbillonnante, fuyante, désertant son rôle de miroir du réel pour transformer les êtres et les choses en illusions triomphantes et faire de la biographie d’un peintre une "fantasmagorie" d’ors et de mystères, un voyage à travers une vie et une œuvre où s’effacent progressivement les limites qui les distinguent.
L’univers de Raoul Ruiz est bien là. Ces brouhahas, ces valses capricieuses d’une caméra qui refuse de se fixer, qui cherche à tout embrasser. La lumière de Raoul Ruiz se fond dans celle de Klimt, dans ces mordorés qui ne sont ni le jour ni la nuit, pas plus que la vie ou la mort.
On ne reviendra pas non plus sur la présence éclatante de John Malkovitch, perdu dans cet entre-deux avec dans les yeux tout l’égarement de celui qui ne verra jamais le monde du commun.
On n’en regrettera que davantage les voies sans issues, les envolées brisées, les pistes abandonnées, un monde de richesses et de création que le réalisateur effleure seulement pour avoir voulu trop en dire. Klimt en réchappe comme un film d’une beauté somptueuse, d’une extrême densité narrative, illuminé par quelques moments de pure grâce qui nous sauvent parfois de l’ennui.
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Norman06 22 avril 2009
Klimt - Raúl Ruiz - critique
De belles séquences oniriques, où l’on retrouve par instants le style baroque de Ruiz. Mais l’œuvre souffre d’un scénario académique et de boursuflures stylistiques.