Question thriller, faut pas nous la faire ! On connaît toutes les ficelles, on a vu Seven et Copycat, et c’est pas une petite nouvelle qui va nous bluffer. Même avec cet invraisemblable pavé de plus de cinq cents pages.

Tout y est. La brillante jeune fille sauvagement violée, l’acharnement à oublier, le passé qui resurgit quand on l’attend le moins, le serial killer naturellement psychopathe et des comptes rendus d’autopsies à mettre notre quatre-heures en péril. Eh bien malgré tout ça, ou peut-être grâce à tout ça, Justice imminente frappe juste, exactement là où il faut, titille notre fibre voyeuriste, sensationnaliste, ou tout simplement notre candeur de lecteur, et nous scotche, jusqu’à la dernière ligne.

L’argument est archi rabâché, conjugué à tous les temps par des armées de plumitifs ou de cinéastes. La fin est même à peine une surprise. Alors, comment fait Jilliane Hoffman pour nous obliger à dépasser tout ça, pour nous faire oublier tous les défauts de cette histoire (y compris la traduction calamiteuse de Jean Esch) ? Un rythme très cinématographique, d’abord, qui ne relâche jamais la tension, sans négliger la profondeur des personnages (les droits ont d’ailleurs déjà été rachetés par Warner Bros), une histoire haletante, qui fait toujours mouche, même si on la connaît par cœur, et un petit côté à la fois didactique et dénonciateur, autour de la justice à l’américaine, et les perversions du système.

Jilliane Hoffman est, dit-on, en train d’écrire son second roman. Espérons qu’elle saura trouver le petit supplément de personnalité qui lui ferait assurer la relève d’un Stephen King. Pour ce qui est de raconter des histoires, elle n’a plus rien à nous prouver.