Avoir 20 ans en 1954
Le 9 juillet 2003
Calet au pays des jeunes : une bouffée d’air frais datant d’un demi-siècle.
- Auteur : Henri Calet
- Editeur : Le Dilettante
- Genre : Correspondances
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Colette, Simone, Jacqueline, René, Yves. Les prénoms à eux seuls nous transportent dans un autrefois proche et pourtant presque inaccessible. Qui peut aujourd’hui imaginer un temps sans téléphone, où un journaliste prenait ses rendez-vous par lettre pour rencontrer des jeunes filles portant des gants blancs et leur demander si elle ont l’eau chaude chez elles ? Cette préhistoire ne date que de cinquante ans pourtant. Commandés par le magazine Elle, ces reportages d’Henri Calet forment une sorte de pendant à ses voyages dans la France de l’immédiat après-guerre. Dans Poussières de la route, il décrivait un pays à cheval entre deux époques. Tout comme le sont les garçons et les filles de Jeunesses, génération de transition sur laquelle il pose son regard inimitable, empreint de curiosité, de feinte naïveté et surtout d’une incommensurable gentillesse.
Avec la distance du temps, ces interviews mises bout à bout se lisent comme un petit traité d’ethnologie. Calet chez les Papous, nos parents et grands-parents - fleuriste, coiffeuse, étudiant, menuisier -, qui admirent Edwige Feuillère et Clark Gable, découvrent les romans noirs américains, dansent dans des caves sur des musiques nègres, essaient de ne pas penser à la bombe atomique, se plaignent de l’éducation trop stricte donnée par leurs parents. Mille petits détails consignés par Calet nous rendent proches, ces rebelles, cyniques, travailleurs, romantiques, engagés, futiles ou je-m’en-foutistes. Touchant kaléidoscope qui prouve que, même si la société a évolué, rien n’a vraiment changé depuis.
En filigrane de ce recueil délicieusement suranné, s’esquisse l’autoportrait d’Henri Calet. Celui d’un homme de cinquante ans se demandant d’un air faussement goguenard à partir de quel âge on est vieux. Question qu’il ne se posera hélas pas longtemps puisqu’il disparaîtra deux ans plus tard. Mais tout comme ces jeunes désargentés partageant une orangeade à quatre dans la pénombre enfumée du Sweet Swing, rue de Rivoli, on aurait envie de le rassurer rétrospectivement en lui garantissant qu’il est un "mec fumant". Nickel, quoi, si vous avez vraiment besoin d’une traduction !
Henri Calet, Jeunesses, Le Dilettante, 2003, 315 pages, 18,50 €
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