Le 16 juillet 2003
- Scénariste : Jano
Depuis presque 20 ans, Jano a fait du carnet de voyage un genre à part entière. Le dessinateur nous parle de cet exercice de style.
Depuis presque 20 ans, Jano a fait du carnet de voyage un genre à part entière. Le dessinateur nous parle de cet exercice de style.
Depuis 1986, vous publiez régulièrement des carnets de voyage...
La première fois, j’ai fait un petit bouquin qui s’appelait Carnet d’Afrique, en 86. J’avais eu l’idée de faire ça de façon très modeste, dans mon coin, pour m’amuser, après un voyage. Ces carnets ne sont que des illustrations sans histoire. Ça a eu un bon succès et c’est resté un bouquin de référence. Plus tard, j’ai fait quelque chose sur l’Inde, avec Dodo et Ben Radis. L’exercice était très différent puisque l’ouvrage ne contient qu’un tiers de ma sensibilité et qu’il y a énormément de texte. Ensuite, j’ai fait un Paname, sur Paris donc, qui est un peu la vision d’un voyageur... Et après, il y a eu le Rio...
L’Afrique reste pourtant votre continent de prédilection...
Oui. J’ai voyagé beaucoup dans ma jeunesse, de la fin des années 70 jusqu’en 95. J’ai aussi mes deux "Keubla" qui sont de la bande dessinée et qui montrent énormément l’Afrique des années 80.
Votre vision de l’Afrique est toujours associée aux petites magouilles, à la combine, à la fête...
Sans vouloir caricaturer, l’Afrique c’est quand même ça. Il y a ce qu’on appelle l’économie informelle. C’est pas exactement des magouilles, c’est une façon de survivre au jour le jour, une petite économie où tout le monde se débrouille. C’est une façon de partager. Alors, vu d’ici, si on le sait pas, on peut croire que c’est de la magouille. A l’œil occidental non averti ça peut paraître un peu bizarre, en réalité c’est un genre de système D à l’africaine. Presque tout le monde vit comme ça.
Ce qui vous intéresse le plus dans ces carnets reste la vie du quotidien...
Oui. Si je fais un bouquin sur le Mali par exemple, je vais pas raconter la vie du président dans son palais, ses Mercedes, ses femmes. On s’en fout complètement. Moi c’est la rue, la ville, la vie populaire qui m’intéressent. Quand j’ai fait Paname, j’ai pas fait les beaux quartiers. C’est ma vision à moi mais c’est souvent une vision de promeneur, de la rue.
Le deuxième tome des Fabuleuses dérives de la Santa Sardinha [1] qui vient de sortir, reste dans cette lignée, avec des références historiques en plus. Pourquoi ?
C’est un hommage aux grands voyageurs, les portugais, qui étaient les premiers Européens, avant Christophe Colomb, à partir explorer le monde. Ils avaient déjà fait le tour de l’Afrique, découvert l’Inde. Ils avaient souffert. On pensait qu’au milieu de l’Atlantique il y avait un trou et qu’on allait tomber dedans. C’était des aventuriers. C’est un hommage et des clins d’œil à ces premiers contacts. L’humour de ces deux albums tourne autour de ça, du quiproquo, des rencontres, de l’étonnement réciproque des uns et des autres. Les Africains qui voient arriver les Blancs pensent qu’ils sortent de l’eau et qu’il s’agit des enfants d’une déesse de la mer ! Mais ces histoires sont tirées d’histoires vraies.
Vous êtes resté un grand voyageur ?
Encore un peu mais je commence à vieillir !
Et il y a un pays ou une ville que vous ne connaissez pas et qui vous intéresserait ?
Y en a plein, mais j’en ai marre des pays pleins de monde et des grandes villes. Je suis allé en Laponie et il commence à y avoir des Tour Operator. Y a plus un seul endroit tranquille sur la planète, qui est devenue un grand Disneyworld ! Et forcément, ça donne moins envie. Mais je continuerai quand même à voyager !
Jano a publié les carnets de voyage suivants :
– Carnet d’Afrique, Les humanoïdes associés, 1986
– Bonjour les Indes, Les humanoïdes associés, 1991 (avec Dodo et Ben Radis)
– Paname, Albin Michel, 1997
– Rio de Janeiro, Albin Michel, 2001
[1] Les Fabuleuses dérives de la Santa Sardinha, Tome 2, L’écho des Savanes/Albin Michel, 2003
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.