Is all over the map

Quelle forme il tient, le papy Howe ! Après avoir redonné vie à son vieux projet The Band Of Blacky Ranchette, après avoir publié son troisième album solo sous le simple patronyme Howe, le voilà qui ravive la flamme de Giant Sand, groupe qui fêtera bientôt ses vingt ans de carrière. Groupe qui vient également de subir une mini-révolution, puisque Joe Burns et John Convertino ont finalement quitté le navire pour se consacrer enfin corps et âme à leur Calexico en pleine croissance. C’est donc en seul maître à bord que Howe à conçu Is all over the map, album frondeur et malin, jamais aussi séduisant que lorsqu’il se retrouve à la croisée des chemins.

Enregistré dans des conditions proches du live, ce disque au son très naturel prouve si besoin était que la country du XXIe siècle tient parfaitement sa place sur la cartographie rock. Car même traversée de fulgurances garage, de distorsions suspectes et de soubresauts électriques, c’est bien de country qu’il s’agit toujours pour Howe. Après un Classico qui en deviendra certainement un, c’est pourtant vers New York et l’électricité urbaine que se tourne le disque : NYC of time, Remote et surtout le sautillant Flying around the sun with remarkable speed rappellent ainsi le Crazy horse de Neil Young, la voix de l’Anglaise Scout Niblett venant calmer les montées de testostérone incluses dans ces trois morceaux. Puis on retrouve le Howe Gelb révérencieux et un brin anodin, lorsqu’il enchaîne des vignettes ragtime ou piano-bar. Après Les forçats innocents en français dans le texte, un Napoli et un Hood (view from a Heidelberg hotel) qui ravivent les obsessions européennes du bonhomme, on goûte à une seconde version de ce magnifique Classico (non plus chantée par Howe lui-même), pour finir sur une espèce de reprise des Sex Pistols interprétée par la fille du songwriter.

Bref, le disque se termine dans l’anarchie la plus totale (d’où les Sex Pistols ?), et n’est pas sans rappeler les derniers efforts de Wilco, d’autres américains prêts à laisser dériver leur musique un peu trop lisse au gré des envies. Mais qui s’en plaindra ?