Brèves rencontres
Le 6 juillet 2014
Ce récit d’une passion est l’un des films les plus radicaux et les plus beaux de Patrice Chéreau.
- Réalisateur : Patrice Chéreau
- Acteurs : Kerry Fox, Timothy Spall, Marianne Faithfull, Mark Rylance, Philippe Calvario
- Genre : Drame, Érotique
- Nationalité : Britannique, Espagnol, Français, Allemand
- Distributeur : Bac Films
- Editeur vidéo : Studiocanal
- Durée : 2h
- Titre original : Intimacy
- Âge : Interdit aux moins de 12 ans
- Date de sortie : 28 mars 2001
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– Festival de Berlin 2001 : Ours d’argent - Prix d’interprétation féminine pour Kerry Fox
– Prix Louis Delluc 2001
– Prix Lumière 2002 : Meilleur réalisateur
L’argument : Jay et Claire se retrouvent chaque mercredi dans le sous-sol d’une petite maison londonienne pour y faire l’amour. Dans cette relation passionnée, toute idée de sentiment et d’attachement est bannie. Les deux amants ne connaissent rien de leur vie respective jusqu’au jour où Jay va vouloir en savoir plus sur sa maîtresse.
- Copyright Bac Films
Notre avis : Après le succès critique et public de Ceux qui m’aiment prendront le train, Patrice Chéreau se lança dans un projet encore plus ambitieux avec ce récit intimiste montrant les doutes et tourments d’un couple d’amants. Coproduction franco-anglaise, le film marque une innovation dans la carrière du cinéaste, parti tourner dans les studios et les rues de Londres, près d’un demi-siècle après la démarche de René Clément pour Monsieur Ripois. Le couple vedette, peu connu du public français, est d’une intensité remarquable. Brillant acteur de théâtre, Mark Rylance incarne à merveille ce quadragénaire en phase de rupture familiale et tentant de trouver un nouveau sens à sa vie. Kerry Fox, sa partenaire, qui avait été dirigée par Jane Campion dans Un ange à ma table, interprète une autre figure de femme à la fois fragile et déterminée, avec ce mélange de sobriété et de force dramatique caractéristique de son jeu. Le scénario (coécrit avec Anne-Louise Trividic) est bâti selon le même schéma qu’Un cœur qui bat, film méconnu de François Dupeyron (1991), qui montrait la passion charnelle de deux amants qui ne se connaissaient pas, la seconde partie étant consacrée à la phase de séduction et de découverte, les deux cinéastes semblant avoir voulu inverser le cadre traditionnel du parcours amoureux. Réaliste sans être grivoise, la première partie d’Intimité décrit un rituel sexuel que les deux amants ont décidé d’installer, l’absence de dialogues créant une distance dans le dispositif tout en distillant une ambiance de trouble et de mystère autour des personnages.
- Copyright Bac Films
On retrouve aussi ce ton sec, à la fois glaçant et brûlant, qui est la marque de Chéreau depuis son premier film, La chair de l’orchidée (1975). Cette concentration de l’action autour de deux acteurs principaux révèle par contre une rupture avec le foisonnement narratif et la profusion des personnages de La reine Margot ou Ceux qui m’aiment.... Le second volet, qui valorise un peu plus des rôles secondaires (les conjoints, le personnel du pub, les acteurs de la troupe), ainsi que des scènes d’extérieur, n’en est pas moins étouffant, de par la difficulté de communication et le malaise ressenti par les personnages. On n’est alors pas loin de l’ambiance oppressante des rapports familiaux et amoureux de L’homme blessé (1983), récit d’une difficile relation homosexuelle. Porté en outre par des cadrages sublimes et une musique bien choisie (David Bowie, Iggy Pop...), Intimité est captivant à plus d’un titre, au carrefour de plusieurs tendances stylistiques du cinéaste. Signalons que Chéreau a choisi lui-même les acteurs français de la postsynchronisation, dont on peut penser qu’ils auraient été du casting si le film n’avait pas été tourné à Londres. Jean-Hugues Anglade prête ici sa voix à Jay et Nathalie Richard à Claire, tandis qu’Olivier Gourmet double Timothy Spall pour le rôle du mari. La voix grave et intense de Catherine Hiegel est donnée à Betty, l’amie confidente, incarnée avec classe par Marianne Faithfull. Intimité obtint le Prix Louis Delluc ainsi que l’Ours d’argent au Festival de Berlin.
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