Du théâtre au cinéma, Patrice Chéreau a mis en scène parmi les plus belles tragédies des années 1990 et 2000.
Patrice Chéreau est né le 2 novembre 1944, en Maine-et-Loire, et passe son enfance à Paris avec deux parents peintres qui lui transmettent très jeune le goût des arts. Il commence sa carrière dans le théâtre, à seulement vingt-deux ans, avec un poste d’animateur de troupes à Sartrouville, dans les Yvelines, de 1966 à 1969. A partir de 1971, il exerce au Théâtre national populaire de Lyon-Villeurbanne et au Piccolo Teatro de Milan. En 1982, il rejoint le Théâtre des Amandiers, à Nanterre, qu’il dirige pendant huit ans et transforme en profondeur. Il y forma notamment les comédiens Valéria Bruni-Tedeschi, Vincent Perez, Agnès Jaoui, Pascal Greggory, et surtout y découvre le théâtre de Bernard-Marie Koltès.
Sa rencontre avec le cinéma intervient avec le projet d’adaptation du roman de James Hadley Chase, La chair de l’orchidée. Le film réunit Charlotte Rampling, Simone Signoret, Alida Valli, Edwidge Feuillere et Bruno Cremer. Suivent Judith Therpauve en 1978, avec Simone Signoret, et L’homme blessé en 1983, avec Jean-Hugues Anglade, qui l’ancrent définitivement dans le septième art. Chéreau considère d’ailleurs ce dernier comme son véritable premier film. Bien qu’il reste un metteur en scène très prisé - de théâtre (son Phèdre, par exemple) et d’opéra (son remarquable Ring à Bayreuth) - Chéreau aime à dire que ses "mises en scènes de théâtre ne sont que des exceptions", comme il l’a affirmé au Festival de Berlin 2003, et qu’il a "surtout envie de tourner des films".
En réalisant en 1987 Hôtel de France, Chéreau rencontre son premier succès auprès du public, même si les professionnels du cinéma continue de le regarder comme le cinéaste venu du théâtre. Le film, adapté du Platonov de Tchekhov, fait jouer ses comédiens du Théâtre des Amandiers, parmi lesquels Marianne Denicourt, Laurent Grévill, Valeria Bruni-Tedeschi, Vincent Perez, ou encore Isabelle Renauld, qui connaîtront rapidement le succès. Mais c’est surtout La reine Margot, mettant en vedette Isabelle Adjani, qui donne à Chéreau son premier succès d’ampleur. Le film remporte le Prix du jury et le Prix d’interprétation féminine pour Virna Lisi au Festival de Cannes de 1994.
Par la suite, ses films se font de plus en plus personnels. Ceux qui m’aiment prendront le train reconduit le cinéaste à Cannes en 1998, et Intimité (Intimacy, tourné en anglais à Londres) remporte l’Ours d’or au Festival de Berlin de 2001. Les deux films ont choqué par leur réalisme et leur crudité, mais aussi marqué par leur force et leur mise en scène subtile. Avec Son frère, primé par l’Ours d’argent de Berlin, Patrice Chéreau continue sur cette lancée et se concentre sur une histoire plus intime, celle d’une agonie choisie, par un homme qui se découvre incapable de supporter la peur que lui inflige sa maladie. Toujours dans la même veine, il analyse la détresse d’un couple avec Gabrielle.
Filmographie
– La chair de l’orchidée (1974)
– Judith Therpauve (1978)
– L’homme blessé (1983)
– Hôtel de France (1987)
– La reine Margot (1994)
– Ceux qui m’aiment prendront le train (1998)
– Intimité (Intimacy, 2001)
– Son frère (2003)
– Gabrielle (2005)