Le 7 octobre 2013

- Réalisateur : Patrice Chéreau
- Voir le dossier : Nécrologie
Le metteur en scène Patrice Chéreau est décédé à l’âge de 68 ans. Il aura été une des grandes figures du théâtre et du cinéma français contemporain.
Patrice Chéreau était avant tout un metteur en scène de théâtre et d’opéra créatif, à qui l’on devait quelques-uns des plus beaux spectacles de ces dernières décennies. Molière, Shakespeare ou Marivaux lui ont inspiré des représentations baroques et exaltées. Il a notamment dirigé le Théâtre de Sartrouville, Le Théâtre national populaire de Villeurbanne et le Théâtre des Amandiers de Nanterre, tout en signant des mises en scène d’opéra. De son abondante carrière sur les planches, on peut citer les splendides Peer Gynt de Ibsen (Théâtre de la Ville, 1981) avec Gérard Desarthe ou Phèdre de Racine (Théâtre de l’Odéon, 2002) avec Dominique Blanc. C’est en 1974 que Patrice Chéreau décide de devenir réalisateur de cinéma : il se lance alors dans le tournage de La chair de l’orchidée, somptueux polar distancé, adapté du roman de James Hadley Chase, et dans lequel il dirige trois divas de l’écran : Charlotte Rampling, Edwige Feuillère et Simone Signoret. La théâtralité et la lenteur de ce premier film furent plutôt mal accueillies, et il faudra attendre 1983 pour le voir rencontrer son premier véritable succès public et critique, L’homme blessé. Écrit avec Hervé Guibert, ce récit des déboires d’un jeune homosexuel (Jean-Hugues Anglade) confirme la noirceur de son univers, hanté de personnages obsessionnels et tourmentés. L’homosexualité sera d’ailleurs le leitmotiv d’autres films, qu’elle soit évoquée de façon explicite ou implicite.
En 1994, Patrice Chéreau obtient le prix du Jury du Festival de Cannes avec son adaptation de La reine Margot. Du roman historique d’Alexandre Dumas, il tire un récit passionnel, orné de sanglots et de sang, et qui vaudra un franc succès à Isabelle Adjani (César de la meilleure actrice) et Virna Lisi (prix d’interprétation féminine au Festival de Cannes). Quatre ans plus tard, il obtient le César du meilleur réalisateur avec Ceux qui m’aiment prendront le train, film choral subtil qui lui permet de collaborer pour la seconde fois avec la scénariste Danièle Thompson, tout en offrant des rôles mémorables à Pascal Greggory (son acteur fétiche), Vincent Perez ou Jean-Louis Trintignant. Dans les années 2000, Patrice Chéreau réalise quatre films qui rencontrent un moindre écho mais restent cohérents avec sa thématique : Intimité (tourné en langue anglaise avec Mark Rylance et Kerry Fox), Son frère (avec Eric Caravaca et Bruno Todeschini), Gabrielle (avec Isabelle Huppert) et Persécution (avec Romain Duris et Charlotte Gainsbourg). Patrice Chéreau avait présidé le Jury du Festival de Cannes en 2003, l’année ou la Palme d’or fut décernée à Elephant de Gus Van Sant. Il est également apparu comme acteur dans plusieurs films : on a pu ainsi le voir incarner Camille Desmoulins dans Danton (A. Wajda, 1983), Napoléon dans Adieu Bonaparte (Y. Chahine, 1985), et d’autres rôles pour Michael Mann, Claude Berri ou Michael Haneke.
– Bande-annonce de La reine Margot