Le 16 mars 2025
Une œuvre digne, d’un intérêt historique certain, qui confirme la capacité du cinéma allemand à s’emparer d’un travail de mémoire indispensable.


- Réalisateur : Andreas Dresen
- Acteurs : Alexander Scheer, Florian Lukas, Liv Lisa Fries, Lena Urzendowsky, Johannes Hegemann, Lisa Wagner
- Genre : Drame, Biopic, Historique, Romance, Drame historique
- Nationalité : Allemand
- Distributeur : Haut et Court
- Durée : 2h04mn
- Titre original : In Liebe, Eure Hilde
- Date de sortie : 12 mars 2025
- Plus d'informations : Le site du Festival du cinéma allemand
- Festival : Festival du cinéma allemand , Festival de Berlin 2024
Résumé : Été 1942. Hilde rencontre Hans et ses amis alors que la guerre fait rage. Elle tombe follement amoureuse de Hans et s’engage à leurs côtés dans la lutte clandestine qu’ils mènent contre les nazis. Quand, soupçonnée de trahison par la Gestapo, elle est arrêtée, Hilde est enceinte. En attendant son procès, elle écrit des lettres destinées à l’enfant qui va naître et revisite ainsi l’histoire de leur engagement, celle d’une jeunesse prête à mourir pour la liberté.
Critique : Le cinéma allemand n’en finit pas de remuer la période la plus trouble et tragique de son Histoire nationale. Ce qui est resté longtemps en marge (Lili Marleen de Fassbinder) est désormais fréquent depuis les années 2000. Des longs métrages de qualité l’attestent, comme Sophie Scholl, les derniers jours, La chute, La conférence et le documentaire Leni Riefenstahl, la lumière et les ombres. Quelques semaines après La fabrique du mensonge de Joachim Lang, sur la stratégie de Goebbels, sort sur les écrans français ce récit de jeunes gens ayant appartenu à l’Orchestre Rouge, et plus précisément Hilde Coppi (1909-1943), résistante s’étant engagée moins par idéologie que pour défendre ses principes moraux et ses attaches affectives.
- © 2024 Pandora Film, Photo : Frédéric Batier. Tous droits réservés.
Le film bénéficie du travail d’écriture de Laila Stieler, qui a déjà collaboré avec Andreas Dresen, lequel précise dans le dossier de presse : « Le scénario de Laila Stieler et l’histoire de Hilde m’ont profondément ému. Je souhaitais avant tout centrer ce récit sur un groupe de jeunes mais d’une manière contemporaine et poétique. La résonance du film aujourd’hui réside dans nos idéaux : défendre nos idées et résister. Il ne faut pas se laisser influencer, mais suivre sa boussole intérieure et ses idéaux. Hilde Coppi n’est pas une activiste politique. Je la décrirais plutôt comme une personne tout à fait normale qui défend ses valeurs ». Le mérite du long métrage est d’avoir su trouver un équilibre entre l’histoire familiale et sentimentale de la jeune femme et la reconstitution historique, sans tomber dans les clichés que le dispositif aurait pu entraîner (alignement de croix gammées, pathos, recours aux images d’archives). Déployant une double narration avec flash-back (les mois d’emprisonnement et l’été qui précède, propice aux amours et actions militantes de Hilde), le film innove peu dans le genre désormais convenu du biopic mais montre avec finesse le contraste entre l’insouciance apparente d’un groupe de jeunes (camping, amourettes au bord d’un lac) et la combativité des protagonistes.
- © 2024 Pandora Film, Photo : Frédéric Batier. Tous droits réservés.
Les scènes dures (l’accouchement difficile de Hilde, l’attente des prisonnières avant leur exécution) sont contrebalancées par des moments plus légers, l’horreur véritable du nazisme étant souvent hors champ. Et l’absence de musique ainsi que la photographie sans fioritures de Judith Kaufmann ne font qu’amplifier la sobriété de la proposition. Le film n’échappe pas toutefois à certaines maladresses (le personnage de la gardienne de prison, qui passe sans transition de la malveillance à la compassion), et échappe de justesse à l’académisme télévisuel. Mais Berlin, été 42 confirme le savoir-faire d’Andreas Dreisen, aussi à l’aise dans les portraits de la jeunesse (Un été à Berlin) que dans ceux de l’âge avancé (Septième ciel). Les interprètes sont quant eux admirables, et en particulier Liv Lisa Fries, délicate et nuancée. Le film a été présenté à la Berlinale 2024, en présence de Hans Coppi junior, fils de Hilde Coppi. Il fut ensuite l’un des moments forts du Festival du cinéma allemand à Paris.
JyssT 25 novembre 2024
Berlin, été 42 - Andreas Dresen - critique
Je remercie le site Avoir Alire et le festival du cinéma Allemand pour cette belle découverte !
Le film était très poétique et nous plonge en pleine Seconde Guerre Mondiale. Une poésie qui ira jusqu’à même la triste scène de fin. Le fait de centrer sur Hilde, cette (future) mère, qui va voir sa vie s’arrêter durant cette guerre est très émouvant. On est plongé et basculé subtilement de temps à autre entre le présent dans sa vie en tant que prisonnière et le passé qui nous raconte sa vie amoureuse jusqu’à sa capture, elle qui a décidé de suivre le même chemin de la résistance antinazie (Orchestre Rouge) que son compagnon Hans et ses amis.
Encore merci pour ce film !