Le 3 avril 2024
- Acteur : Blanche Sottou
- Auteur : Blanche Sottou
- Metteur en scène : Blanche Sottou
- Salle de Théâtre : Studio d’Asnières
- Plus d'informations : Le compte Instagram de Blanche Sottou
Prise de passion dès son enfance pour différentes disciplines artistiques, c’est dans le théâtre indépendant émergent que Blanche Sottou brille désormais.
La comédienne évoque pour AVoir-ALire la création de sa première pièce, Les Huîtres veulent juste de l’amour, ainsi que son parcours et son rapport à l’art.
Comment vous-êtes-vous prise de passion pour le théâtre ?
Dès mon enfance, je me suis intéressée à plusieurs formes d’arts. Que ce soit le chant, la danse, le dessin, et bien sûr le théâtre qui s’est imposé à moi tant j’avais besoin de me dépenser physiquement et qu’il regroupait toutes les disciplines culturelles que j’affectionnais. C’est un art très artisanal, qui induit la conception de décors, de costumes, et qui établit un rapport fort au public. C’est aussi un exercice incroyablement physique, non seulement pour nos performances sur scène mais aussi par nos voyages au cours de nos tournées pour découvrir des territoires et des publics différents.
Quels sont les auteurs qui ont pu vous inspirer ?
Les pièces de Jean Bellorini ont toujours été une grande source d’inspiration en raison de leur approche du théâtre comme une discipline explorant des univers aussi variés que le cirque, la danse, ou le chant. Ses créations débordent de vitalité. J’ai souhaité m’inscrire dans ce théâtre-là. Joël Pommerat m’inspire aussi par sa manière d’aborder des thématiques très concrètes mais avec beaucoup de poésie. Sans oublier sa façon de travailler l’écriture de plateau. Il guide les comédiens avec un texte qui se construit au fur et à mesure des répétitions.
Comment se sont déroulés vos débuts sur scène ?
Après avoir suivi une « spécialité théâtre » au lycée puis intégré le cours Florent, j’ai pu rejoindre le Studio d’Asnières où nous étudions en alternance et pouvions être orientés vers des auditions. C’est ainsi que j’ai pu faire mes débuts sur une grande scène parisienne dans un Tartuffe porté par Jacques Weber au Théâtre de la Porte Saint-Martin. J’ai ensuite eu la chance d’intégrer la distribution de l’adaptation très moderne des Fourberies de Scapin par Tigran Mekhitarian qui souhaitait que le texte de Molière, plus actuel que jamais, soit interprété dans un phrasé contemporain. Je suis très sensible à cette approche. J’ai peur du théâtre classique qui peut paraître trop élitiste s’il est joué « petit doigt levé ». De nombreuses personnes peuvent alors se sentir non concernées par cet art. C’est bien qu’il évolue avec notre époque.
Vous jouez actuellement la pièce L’enfant de verre mise en scène par Alain Batis et coécrite par le duo Léonore Confino - Géraldine Martineau. Une création faisant terriblement écho à la libération de la parole des victimes de violences sexuelles…
En effet. C’est une pièce sur le non-dit et le silence au sein d’une famille. Les autrices ont écrit avec nous pendant les répétitions. Ce qui a permis à la pièce de se dessiner peu à peu. On y mélange un aspect drôle, décalé et onirique, tout en explorant un sujet grave et complexe où une famille est impactée par le viol de leur fille cadette. Chacun a peur de reconnaître sa faiblesse, de se sentir coupable, de s’interroger sur là où il a mal agi et les conséquences que ce drame peut engendrer. J’aime cette pièce dans la manière dont elle s’est construite comme dans ce qu’elle raconte.
- © Laura Bousquet
Qu’est ce qui vous a décidé à vous lancer dans l’écriture et la mise en scène de votre première pièce de théâtre, Les Huîtres veulent juste de l’amour ?
J’ai écrit cette pièce pour défendre une esthétique qui s’inscrit dans un courant de théâtre émergent que j’affectionne, où tout le monde peut se reconnaître et se sentir concerné. J’ai souvent entendu cette phrase terrible : « le théâtre, ce n’est pas pour moi ». C’est en cela que les grands textes classiques m’effraient. L’idée était de m’ancrer dans une écriture théâtrale qui casse les formes traditionnelles, tout en mélangeant différentes disciplines artistiques et en initiant de nombreuses interactions avec le public afin de chercher l’inattendu.
Quelle histoire y racontez-vous ?
C’est une pièce qui parle d’amour au sens large et sous toutes ses formes, avec l’idée de questionner l’absurdité des rapports humains. En l’occurrence, six personnages se retrouvent dans un restaurant à l’occasion d’un anniversaire surprise. Tout le public y est invité et participe à ce spectacle. J’avais envie d’un grand bazar, de quelque chose de très festif, mais avec un fond concret, beaucoup de scènes absurdes, clownesques, qui fassent rire et pleurer à la fois. C’est une ode à la rencontre, à l’enivrement, à la joie et au partage. Soit tout ce que je défends dans ma vie. Je souhaitais créer un monde qui ressemble au nôtre, avec sa part de vérité, d’authenticité, mais qui soit décalé par un aspect absurde afin de rendre le réel plus criant. Tout cela dans une esthétique très colorée.
Le travail d’écriture en plateau que vous avez connu avec les autrices de L’enfant de verre vous a t-il inspiré en vous lançant dans ce projet ?
Absolument. L’écriture de plateau et la création en collaboration directe avec les comédiens constituaient mes premières envies. La pièce n’a cessé d’évoluer au fil des répétitions, bien que certaines caractéristiques des personnages et certains enjeux soient restés les mêmes. Ainsi, j’ai pu mélanger ce que j’avais écrit préalablement avec ce qui se passait en direct au plateau afin de trouver la vérité dans le jeu, la sincérité, et inciter les comédiens à être toujours à l’écoute les uns des autres. L’important n’était pas de suivre un texte mais de construire un sous-texte. Ce qui m’intéresse au théâtre, au-delà de créer des émotions par l’histoire et les situations, c’est de faire entendre une pensée par le jeu des comédiens. C’est ainsi que nous avons pu créer une dynamique de troupe, avec des talents qui me touchent, aussi bien en tant qu’individus qu’en tant qu’artistes.
Propos recueillis par Nicolas Colle
Les Huîtres veulent juste de l’amour, par la compagnie Dandine, sera joué au Studio d’Asnières du 11 au 14 avril 2024, puis prochainement un peu partout en France.
- Blanche Sottou
- Crédit photo : Chloé David
- Les Huitres veulent de l’amour
- © Affiche Théo Collier
Galerie Photos
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