11e édition du rendez-vous de la photographie documentaire
Le 30 mai 2019
- Plus d'informations : Le site de l’événement
- Festival : Festival Images Singulières de Sète 2019
La onzième édition du rendez-vous de la photographie documentaire se déroule à Sète, jusqu’au 16 juin. Pendant quinze jours, la ville de Georges Brassens et de Jean Vilar accueille ce festival des images singulières, en contribuant à une éducation du regard. Les expositions que nous avons fréquentées donnent à sentir et ressentir d’autres représentations que celles que nous avons ordinairement sur le monde. Apprendre à regarder, à discerner, à capter, ce sont les enjeux contemporains des écritures documentaires de cette grammaire visuelle. Chacune de ces expositions de photographie documentaire nous conduit à repenser notre relation à l’actualité, à ses représentations et à des images qui, prises isolément, sont certes singulières, mais sans être univoques, à distinguer ce qui fait art du documentaire dans ce flot continu d’images qui nous submerge.
Notre avis : Ainsi en est-il de cette exposition que l’on peut visiter dès notre arrivée à Sète, si l’on s’y rend en train, et qui constitue à la fois une immersion et une contre-proposition photographique aux images de Cuba, prises par Nicola Lo Calzo. Choisissant le titre Regla, le photographe souligne la polysémie du terme et des images en présence et en général. En effet, la polysémie du mot regla sert le propos de l’artiste. Celui-ci distingue la part connue de Cuba, qui se donne à voir dans des images quasi stéréotypées redevables au régime, à ses impacts, ses fulgurances, son rayonnement d’un côté, et un second visage que Nicola Lo Calzo capte sur le vif, fugace, souterrain, privé, en offrant un aperçu de ce folklore cubain composé à partir des trois religions afro-cubaines que sont la Regla de Ocha, la Regla de Palo et la Regla Abakuà et qui s’inscrit dans l’histoire des luttes d’émancipation et de résistance des anciens esclaves, prolongées depuis le XIXème siècle et dont le photographe nous présente les différentes traces de survivances, dans la réalité contemporaine. A cet égard, Nicola Lo Calzo continue à explorer les mémoires de l’esclavage colonial à travers le projet CHAM, mais aussi plus globalement celles des minorités, telles que les mouvements LGBT aux Caraïbes et en Guyane, en montrant leurs luttes pour exister dans des environnements culturels et sociaux normatifs, jusqu’à l’homophobie et la répression de la différence.
- Copyright Nicola Lo Calzo / Galerie Dominique Fiat
Autre proposition, une exposition collective qui revisite les manières de faire de la photographie documentaire, pour se démarquer et mettre en contraste leurs styles avec celui de leurs prédécesseurs. Renouveler le style et expérimenter de nouvelles écritures documentaires, c’est l’un des points de convergence de ces trois projets réunis dans un ancien entrepôt désaffecté. Ce n’est pas le seul, puisque les trois focalisent notre attention sur des « inaperçus » de la guerre froide dans le monde, des détails qui, quand on y est vigilant, prennent un sens dramatique et radical. On n’est pas capable de mesurer les ravages à long terme de cette brutalité et de ce cynisme du monde capitaliste qui nous frappent et nous saisissent d’effroi. La partie de l’exposition intitulée Is this tomorrow portée par Zahara Gomez, Mauricio Palos et Juan Orrantia et soutenu par la Durham University, aborde le thème des legs de la guerre froide en Amérique latine, en sélectionnant des documents d’archives permettant une mise en perspective historique sur les effets, les héritages et les survivances de ces conflits, idéologies et évènements en Amérique latine. Dans la suite du parcours, la séquence sur les utopies rouges repose sur la mise en scénographie de trois livres, composés de photographies et de textes d’une dizaine d’auteurs et de photographes, réunis ici afin de traiter la thématique des utopies politiques en Europe, suite à la chute de l’URSS.
- Copyright George Selley
Enfin, la révélation par le jeune photographe George Selley de la responsabilité de la CIA dans l’ « éducation » de mercenaires à l’« acte de tuer », et la mise en lumière du décalage entre ces traces du massacre de 100 000 Guatémaltèques et la promotion de la banane dans les habitudes alimentaires de la famille typiquement américaine qui en est la cause, boucle le parcours de cette exposition plurielle, qui permet d’aborder les ressorts historiques et géopolitiques, dont chacun doit avoir conscience dans cette impérieuse nécessité d’une meilleure éducation aux images documentaires.
En ayant choisi des figures telles que Vanessa Winship, John Trotter, Nick Hannes, Adriana Lestido, Mathias Depardon, Nina Berman, Jon Lowenstein, Yan Ming, Ronan Guillou pour en incarner la vitalité, la photographie documentaire à l’honneur à Sète durant cette quinzaine, montre et questionne les traces, les ruines et les mémoires imprimées, transmises et colportées par ces images, ces sons, ces objets.
Festival Images singulières
Accès libre et gratuit
du 29 mai au 16 juin de 10h à 19h
Pour tous renseignements : Maison de l’image documentaire
17, rue Lacan 34200 Sète
04 67 18 27 54
cetavoir@orange.fr
Galerie photos
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