Home

Insatiable, productif, ambitieux, passionné : autant de qualificatifs qui peuvent servir à l’auditeur qui voit en Benjamin Biolay un futur grand de la scène française, à la production déjà foisonnante (deux albums dont un double, des chansons et disques pour Keren Ann, Coralie Clément, Juliette Gréco, la BO de Clara et moi, et maintenant ce Home). Irritant, poseur voire imposteur : voilà ce que les détracteurs du jeune homme peuvent penser, et il faut reconnaître que Biolay ne fait rien pour les apaiser. J’avoue pour ma part avoir fait partie de cette dernière catégorie, avant de me rendre à l’évidence avec Négatif et maintenant avec Home : Biolay a énormément de talent.

Certes, il reste des tics agaçants (pourquoi vouloir à tout prix chanter comme Rodolphe Burger sur Mobil home ou faire sans cesse référence au passé de la chanson française, ici la période yé-yé avec Dance rock’n’roll ?). Mais l’essentiel de ce nouvel album, enregistré assez rapidement et sans trop de cogitation, relève tout de même de l’excellence. Sur fond de couple qui s’aime et se déchire, Benjamin et Chiara nous proposent ainsi une espèce de road-movie en chansons, nous faisant traverser les États-Unis du fond de notre canapé. D’arrangements folk en ballades rock et digressions blues, Home regorge ainsi de tubes potentiels pour automobilistes sur la route des vacances (La ballade du mois de juin, A house is not a home, L’Arizona).

Et la voix de Chiara liée au chant en anglais (surtout sur le charmant A house is not a home et cette prononciation typiquement française qui gomme les consonnes toniques) rappelle décidément encore une fois le parallèle qui existe entre les carrières de Biolay et de Keren Ann, tant Home ressemble au récent exercice folk (Not going anywhere) de son ex-partenaire d’écriture, elle qui vient justement de proposer un disque à deux voix avec le projet Lady & Bird. Alors, Biolay fan de Keren Ann ? Et réciproquement ?