Le 16 avril 2020
Hokusai Les Cent Vues du Mont Fuji réunit dans une belle édition les trois recueils présentant cent deux vues du Mont Fuji. Le tirage s’appuie sur l’édition de 1840 noir et blanc avec nuances de gris et un rose pale.
- Auteurs : Nelly Delay, Hokusai
- Editeur : Hazan
- Genre : Art & Culture
- Date de sortie : 18 mars 2020
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Résumé : Hokusai a dessiné avec son talent légendaire toutes ces vues. Graveur et imprimeur du Japon de la fin de l’ère Edo ont su faire ressortir tout l’éclat et la pertinence – ou l’impertinence – du trait de celui qui s’était rebaptisé le fou de dessin dans ses estampes. Les trois recueils sont accompagnés d’un livret explicatif fort instructif écrit par Nelly Delay qui introduit le travail de Hokusai et décrit ces œuvres pièce par pièce.
Critique : Hokusai est peut-être un des dessinateurs, estampistes, peintre - ou appelez-le comme vous voulez -, japonais de l’ère médiévale les plus connus en Occident.
L’image culte qui se profile à l’esprit est généralement la grande vague de Kanagawa. Pour éviter toute confusion, sachez que cette grande vague se trouve dans le recueil des trente-six vues du Mont Fuji, qui précède celui dont nous parlons aujourd’hui.
N’hésitez pas à allez vous plonger dans ce livre au travail fort différent. En effet, les trente-six vues sont en couleur, - et quelles couleurs ! - alors que ce recueil plus tardif, dont le troisième tome est paru après le décès d’Hokusai, est en noir et blanc, avec nuances de gris et un teint rose pâle savamment appliqué qui rehausse l’ensemble.
Il n’en reste pas moins un objet magnifique. Hokusai, dont le talent augmente avec l’âge, nous livre une salve de vues toutes aussi impressionnantes les unes que les autres. Il joue avec le Fuji comme le conteur pourrait jouer avec une légende. Un coup, imposant sa présence et débordant du cadre, un autre, minuscule au fond de l’image. Parfois, noir et d’autres fois blanc, et même, dans certaines vues, inversé, suggéré, dessiné dans le dessin.
Le Fuji n’en reste pas moins le centre de ces vues, mais parfois, il sert aussi de prétexte pour parler d’autre chose, du quotidien des paysans, des artisans, des petites gens, des voyageurs ou encore des sites magnifiques du Japon, voire des animaux.
Hokusai se joue donc de son sujet, comme il joue avec le lecteur. Mais si les contemporains de l’artiste pouvaient saisir tous les clins d’œil du maître, il n’en est pas de même pour les lecteurs arrivant deux siècles plus tard, et de surcroît originaires d’un autre pays. Et c’est là qu’intervient le livret de Nelly Delay. Il constitue certes l’incontournable introduction à l’œuvre comme on en a souvent dans ce type d’ouvrage, mais surtout, avec les infos égrenées image par image, il nous permet de jouer à notre tour. Certes, la place manque pour entrer dans le détail de tout ce qu’il nous faudrait savoir, afin de comprendre les jeux de références d’Hokusai, mais Nelly Delay nous débroussaille le terrain pour que nous puissions en saisir l’essentiel.
Editions Hazan
Le recueil est une nouvelle édition, car ce coffret était déjà sorti il y a quelques années, sous une autre forme. En effet, à l’époque, il avait adopté le format Leporello, un parchemin que vous pouviez déplier. Chaque tome était séparé et le livret indépendant. Aujourd’hui, le coffret regroupe les trois recueils dans une superbe reliure ancienne à la ficelle et le livret explicatif est fixé au rabat du coffret. Petit détail qui a son importance. En effet, d’un point de vue pratique, il est un peu compliqué de regarder une estampe et de lire son commentaire dans le livret à côté, tout étant lié dans le coffret. Vous devrez donc jongler entre les pages des cent vues et celle du petit registre, en vous aidant des deux mains et de bons marque-pages. Attention également, si le livret se regarde de gauche à droite, les recueils d’estampe se lisent bien de droite à gauche. Mais, outre ce détail technique, vous ne pourrez que prendre plaisir à dénouer le nœud rouge qui ferme ce beau volume, à ouvrir ce recueil noir et rouge et à vous plonger dans un Japon d’une autre époque, celle où l’on prenait plaisir à saisir l’espace d’un trait de pinceau, une émotion, une saison, la vie et à l’orner de références drôles, historiques, culturelles, géographiques...
Cet éphémère immortalisé, c’est tout l’art de l’ukyo-e, où Hokusai est passé maître.
Nous pourrions vous parler du graphisme de ces estampes, du coup de pinceau d’Hokusai. Mais que pourrait-on vous dire que vous ne pourriez lire ailleurs ? Quel nouveau superlatif pourrait-on inventer pour décrire le talent d’un peintre hors normes ? Ouvrez ce recueil et regardez les traits anguleux, durs, les courbes douces, ce jeu des dégradés, cette manière de représenter les éléments, nuages, mers, brume, qui peuvent varier complètement d’une image à une autre, les motifs des kimonos, les feuilles des arbres, la texture granitique des rochers, les positions des personnages. Ces personnages qui sont ancrés dans le sol ou qui, d’autres fois, semblent flotter dans l’image. Nous ne nous appesantirons pas sur la finesse du trait d’Hokusai. A vous de regarder.
Hokusai Les Cent Vues du Mont Fuji constitue une magnifique occasion de découvrir les estampes magiques d’un artiste exceptionnel. Et tout cela au travers d’un coffret de qualité. Laissez-vous emmener. Et pour les plus fous, prenez un pinceau et tentez de redessinez un des cent deux monts que le maître nous a laissés.
176 (recueil d’estampes) et 48 (livret explicatif) pages – 29,95€
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