Mauvaise Grèce
Le 9 juin 2004
Panos Karnezis, jeune écrivain britannique d’origine grecque, s’inscrit dans la lignée des très grands conteurs avec ces Histoires infâmes. Magique et intemporel.
- Auteur : Panos Karnezis
- Editeur : Editions de l’Olivier
- Genre : Roman & fiction
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Histoires infâmes, contes cruels, mauvaises nouvelles... Ce recueil rédigé par Panos Karnezis, jeune écrivain britannique d’origine grecque, mériterait tous ces titres. Dans chacun de ces récits, on a l’impression d’embarquer dans une sordide et maléfique machine à remonter le temps. Et cette machine nous promène en Grèce, au cœur d’une époque révolue mais pas si lointaine, au temps où l’électricité n’arrivait pas dans tous les villages, où la ville incarnait la vénéneuse Babylone, où il fallait aller chercher l’eau à la source. Karnezis fait revivre ici un vingtième siècle qui découvre avec angoisse le chemin de fer, la voiture et la radio.
Chaque texte se déroule dans des villages perdus, là où les habitants attendent de mourir, assis sur des bancs, en discutant d’une planète qui ne cesse de tourner. Là où les murs des maisons sont blancs et les volets sont bleus, où les croyances populaires importent plus que la religion, où chacun épie son voisin, où l’on s’est habitué à vivre avec les tremblements de terre.
Karnezis réussit le pari de moderniser et de renouveler les mythes antiques à travers ses personnages. Pégase, Medusa, mais aussi cet homme devenu Centaure et travaillant pour un cirque itinérant. Est-il resté cette créature que l’on exhibe ? Est-il encore humain ? Karnezis se moque éperdumment des hommes de loi, des fonctionnaires zélés régnant sur des royaumes de pacotille, raille les vieux illuminés. Sachant parfaitement raconter la cruauté de ses semblables ("Funérailles de Pierre", l’une des nouvelles les plus fortes de ce recueil qui raconte l’histoire de deux sœurs jumelles "emprisonnées" par leur père), ce jeune écrivain possède ce talent rare qui fait que ses textes semblent intemporels et universels. En ce sens très proche des conteurs sud-américains, notamment par le climat qu’il instaure et les ambiances qu’il parvient à créer, Karnezis signe un recueil magique, indémodable et hors du temps. Et si c’était là le but ultime de la littérature ?
Panos Karnezis, Histoires infâmes (Little infamies, traduit de l’anglais par Diane Ménard), Editions de l’Olivier, 2004, 366 pages, 22 €
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