Piégée - Steven Soderbergh - critique

Critique : À ce jour, Steven Soderbergh demeure encore et toujours le plus jeune réalisateur à avoir décroché la Palme d’or. Depuis cette consécration, l’artiste précoce et polyvalent ne cesse de tourner à un rythme effréné (près d’un film par an) ; alternant le bon (Traffic) et le moins bon (Ocean’s 13), œuvres expérimentales (dont l’ovni Bubble) et blockbusters (avec entre autres les deux premiers volets de la saga Ocean’s). Et au milieu de tout cela, où faut-il situer Piégée dans la filmographie hétéroclite du natif d’Atlanta ? Mis en boîte la même année que Contagion, bien que ce dernier se soit achevé début 2011, Haywire débarque néanmoins quelques mois plus tard sur les écrans, soit précisément deux longues années après l’ultime tour de manivelle (du moins en Belgique, puisque la sortie française a été repoussée au 11 juillet) ! Si Soderbergh élargit sa palette en s’attelant à un nouveau genre, à savoir dans le domaine musclé du film d’action, l’effet n’est pas aussi percutant que chez Tarantino (autrement plus exalté par le modelage personnel de l’underground Thriller : a cruel picture). Indéniablement, le cinéma de Soderbergh est continuellement à la recherche d’un style novateur, moins spontané (tant sur la forme que dans l’éclectisme que n’aurait pas renié un certain Lars von Trier) que celui du trublion de Hollywood.Cousin éloigné du Point de non-retour de John Boorman ou encore de La loi du milieu de Mike Hodges, la dernière mise en scène soderberghienne ressasse bon nombre de marques de fabrique de ses précédents opus : s’adjoindre les services de son scénariste à l’origine de L’Anglais (The Limey) pour aborder de nouveau le thème de la vengeance, offrir le rôle principal à une quasi-inconnue (à l’instar de la star du porno dans The Girlfriend Experience), ou encore diriger une distribution presque exclusivement masculine. Comparé à la trilogie Jason Bourne, le scénario se révèle finalement plutôt anecdotique, même si l’alternance entre l’intrigue se déroulant en temps réel et des flashback continuels est rondement bien menée, et ceci en dépit d’une machination inutilement compliquée et par moments trop bavarde qui casse le rythme soutenu de l’action entre Barcelone, Dublin et les États-Unis.Étonnamment, des acteurs aussi magnétiques que talentueux, de la trempe de Michael Douglas, Antonio Banderas, Ewan McGregor et Michael Fassbender (excusez du peu !) font pâle figure à côté de Gina Carano, véritable révélation issue du MMA (mixed martial arts), qui réussit le challenge de tout balayer sur son passage. Sans parvenir à s’inscrire durablement dans la rétine, Piégée correspond à 90 minutes de pure baston et puis s’en vont...