Hal

En voyant le prestigieux et pointu label londonien Rough Trade se déplacer chez eux l’an dernier pour écouter leurs chansons, les frères Allen et leurs deux complices ne s’attendaient sûrement pas à un tel engouement. Alors que la mode était revenue aux paillettes dans le rock (Franz Ferdinand, Scissor Sisters), les quatre irlandais fraîchement débarqués de leur verte campagne, leurs guitares sèches sur le dos, arrivaient un peu comme le gros cheveu sur la soupe. Et pourtant : déroulant le tapis rouge devant eux, Rough Trade sortait illico un, puis deux singles (Worry about the wind et What a lovely dance) avant de commander l’album qui sort aujourd’hui.

Pour situer Hal, citons pêle-mêle les Beach Boys, Bob Dylan, les Bee Gees de la fin des sixties (période I started a joke) ou même Supertramp. Evidemment, la comparaison avec les deux derniers groupes cités doit beaucoup aux voix haut perchées des frères Allen (Dave à la guitare, Paul à la basse) et à leurs intonations criardes. Ces percées vocales se lovent avec fougue dans des mélodies laidback, au bon goût de hamac, de surf et de soleil permanent. Un soleil qui perdure jusque dans les paroles, pour insuffler aux textes des frères Allen un indéfectible optimisme béat (limite bêta, même) qui souligne les joies de la danse, de la musique et... du bruit du vent. Et même lorsqu’il s’agit d’amours contrariées, le positivisme est de rigueur (Keep love as your golden rule).

Se voulant sans doute un antidote au cynisme et à tous les seconds degrés suggérés par notre belle société libérale, Hal y oppose donc carrément une musique vierge de toute ironie, délestée de tous fards. Un premier degré presque salvateur pour un premier album a priori sans prétentions.