Le 2 novembre 2023
- Réalisateur : Gus Van Sant
- Auteur : Florian Tréguer
- Collection : Focale(s)
- Editeur : Passage(s)
- Genre : Essai
- Nationalité : France
- Date de sortie : 22 juin 2023
- Plus d'informations : Site de l’éditeur
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Il est de ceux qui marquent le cinéma, par leur vision, leur parti pris, leur capacité à saisir le spectateur sur des sujets universels. Une analyse profonde des quatre films de Gus Van Sant des années 2000.
Résumé : L’auteur analyse sur les œuvres de la période expérimentale de Gus Van Sant, communément appelées la Tétralogie de la mort par les cinéphiles : "Gerry", "Paranoid Park", "Last Days", "Elephant".
Critique : L’auteur fait un pari avec ce livre, celui de définir le cinéma de Gus Van Sant. Consacré comme celui qui filme les adolescences, notamment celles d’une Amérique malade d’elle-même, l’œuvre de Gus Van Sant rencontre sa singularité au début des années 2000, grâce à quatre films que la critique considère a posteriori comme une tétralogie.
Leur fil rouge ? Mettre en scène la mort, mais ne pas en faire le sujet principal. Son inspiration ? Béla Tarr, et sur plusieurs plans. En premier lieu, Gus Van Sant semble filmer le monde tel qu’il se présente à lui. Cela donne à l’écran de longs plans-séquences, dans lesquels l’image sert une description du temps qui lui confère un certain réalisme, mais permet aussi au spectateur d’être happé parce qui se passe. C’est ce style hypnotique qui plaît tant à Gus Van Sant et qu’il emprunte à Béla Tarr. Il renforce cette impression en laissant à ses interprètes un champ large d’improvisation, comme en témoignent les deux acteurs de Gerry, Casey Affleck et Matt Damon, qui ont coécrit le film au fur et à mesure.
C’est tout cela que cherche à caractériser Florian Tréguer, lorsqu’il définit Van Sant comme un « cinéaste de l’infinitif ». Il explique que le terme vient du latin « infitivum verbum », soit « qui n’a pas de contours précis ». Une manière de transcender l’image au profit d’une technique de réalisation, qui marque l’identité de son auteur.
Deleuze définissait ainsi l’infinitif : « l’infinitif n’a pas de sujet assigné ». Le réalisateur se retrouverait donc dès lors simple observateur de son film ? Lui non, mais son spectateur oui, et c’est là tout l’effet recherché. Dans les films de ce corpus, les personnages peuvent se perdre, y compris dans l’absence de sens. Le flou, les hors-champs, la réalisation accompagne ce mouvement, pour mieux traduire l’indolence et finalement, le lâcher prise. Cela confère au réalisateur sa vision si particulière.
À la manière de Gus Van Sant, l’auteur se détache de son sujet, dans le sens où il s’attarde davantage sur la technique que sur ce que nous proposent les films. Son analyse est exigeante, minutieuse, rendant la lecture peu fluide pour le lecteur. Contrairement aux films de son sujet, le livre doit donc s’appréhender en le picorant, chapitre après chapitre.
L’auteur réussit à donner envie de revoir tous les films dont il est question, de comparer, retrouver la patte du réalisateur au fil des plans. Celui qui choisit de laisser ses acteurs devenir partie prenant de son projet, concédant au moment de la réalisation que son film ne lui appartient déjà plus. L’artiste livre sa vision au monde en parvenant à la partager. Le livre n’est pas un hommage, c’est une démonstration, une preuve d’amour sans passion, un témoignage quasi scientifique d’une expérience de spectateur. Un livre pour tous ceux que l’analyse cinéma d’un grand artiste intéresse.
Les films du corpus : Paranoid Park, Gerry, Last Days, Elephant (Palme d’or 2003)
230 pages
25€
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