Le 30 septembre 2015
- Scénariste : Juan Diaz Canales>
- Dessinateurs : Rubén Pellejero, Hugo Pratt
- Série : Corto Maltese
- Genre : Aventure
- Editeur : Casterman
- Famille : BD Franco-belge
- Date de sortie : 1er septembre 2015
- Durée : T.13
Il est de retour ! Le pirate maltais le plus célèbre revient cet automne dans un nouvel album qui peut se vanter d’avoir bien ressuscité la légende !
CORTO MALTESE SOUS LE SOLEIL DE MINUIT
Résumé :
Sur une invitation de son vieil ami Jack London, Corto Maltese s’embarque sur les traces d’une défenseure des droits des femmes en plein Alaska. Entre révolution inuit, prostituées en armes et chasses au trésor enfoui, le pirate maltais aura droit à un éventail de ses aventures réunies dans un nouveau tome complet et réussi.
© Casterman
Notre avis :
Il fallait oser, Juan Díaz Canales et Rubén Pellejero l’ont fait : redonner vie à la fantastique série de bandes dessinées d’Hugo Pratt, le légendaire, le cultissime Corto Maltese. Disons-le d’entrée, ils n’ont en rien échoué, ils ont même plutôt réussi. L’héritage a été bien assimilé, et les efforts sont si présents qu’ils sont la seule faiblesse de l’album. Une volonté de trop en faire, bien compréhensible, qui alourdit de références à quasiment chacun des douze tomes précédents, voilà le défaut de Sous le soleil de minuit .
© Casterman
Oser tuer Raspoutine dès la seconde page de la BD, il fallait oser, et ils l’ont fait. Situer l’histoire en 1915, comme un clin d’œil à 2015, check. Parler de Venise, de Jack London, ajouter un peu du côté mystico-chamanique, des références philosophiques incongrues, des dialogues laconiques et ironiques, Canales et Pellejero ont tout compris et tout restitué de l’univers d’Hugo Pratt. Du dessin tout d’abord, même si la couleur surprend pour le lecteur habitué au noir et blanc, il faut le dire : la transition est facile, simple et naturelle. Pas de fioritures, des traits reconnaissables, des personnages soigneusement étudiés, des poses sérieuses et élancées, sans oublier les « crack » du bruit des fusils. Côté graphisme, l’album est déjà réussi, on se croirait dans un subtil mélange de Fort Wheeling et Sergent Kirk, surtout quand le héros est absent des pages. Les scènes d’action montrent des personnages dans des positions bizarres, sans fond, la marque du maître, tandis que quelques bulles plongent le lecteur dans diverses ambiances, toujours loin d’une Europe qui entre en guerre. Rubén Pellejero livre donc un rendu impeccable, avec visiblement un travail énorme en amont pour restituer de nombreux personnages, décors, objets issus des albums précédents.
© Casterman
Côté scénario, là aussi le travail apparaît colossal. Les clins d’œil sont multiples, et du coup un peu trop gros à la longue, mais témoignent d’une envie véritable de s’inscrire dans la lignée. Si au début ces références étaient sympathiques, elles apparaissent un brin lourdes en fin d’album (costume traditionnel japonais et nom de Pandora Groovesnore notamment...).
Côté ambiance et dialogues en revanche, les réflexes sont les bons : bagarre de mots et de mains entre Corto et Raspoutine mettent rapidement dans le bain, mais les élans tantôt héroïques, tantôt très pragmatiques du héros à la casquette sont bien balancés et le replacent dans cette position inimitable du « oui bon j’ai un grand cœur mais pas tout le temps non plus ». Comme souvent, Corto va passer à deux doigts de la mort sans être seulement touché (mais cela lui arrive effectivement souvent), va user de sa ruse contre les hommes et de son charme auprès des femmes, sans pour autant réussir à chacune de ses tentatives. Pourtant, son visage et sa personnalité vont s’éclipser pour laisser place aux personnages secondaires, finalement plus intéressants que Maltese ou les références à son passé. Le géant sensible, l’irlandais renégat restent cependant autant d’échos à d’autres albums, comme le Robespierre inuit Ulkurib qui rappelle par exemple le baron fou Ungern de Corto Maltese en Sibérie (sauf que ce dernier avait bel et bien existé). Les différentes morts des personnages secondaires sont parfois mises en valeur, parfois ignorées, là encore dans la tradition d’Hugo Pratt.
Au final, l’histoire est riche, prenante et faisant écho à des nombreuses interrogations et leçons de notre époque, mais en vérité, le duo d’auteurs aurait pu faire un excellent album avec cette histoire sans pour autant reprendre Corto Maltese comme héros. Il se serait évité un héritage très lourd à porter, car la question que l’on peut se poser est la suivante : les prochains albums auront-ils toujours cette ligne (et du coup seront encore plus lourds dans les références), ou chercheront-ils au contraire à s’émanciper (et donc à perdre cet esprit typiquement Corto Maltese) ? La question est entière, mais cet album demeure une bonne surprise pour les fans, et une excellente BD pour les autres !
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16 euros - 84 pages
Sortie : 30 septembre 2015.
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