Gozu

Takashi Miike : ce type est fou !... mais quelque part... ça fait du bien...

L’argument : Minami et Ozaki sont deux yakuzas inséparables depuis que le second a sauvé la vie du premier. Seulement, Ozaki est un peu au bout du rouleau et se met à exterminer un chihuahua, convaincu que celui-ci est un chien anti-yakuza (si si !), ou encore de terroriser une pauvre conductrice dans la campagne japonaise sous couvert que sa voiture est également anti-yakuza (si si !!!) Du coup, le Boss demande à Minami d’emmener Ozuki à Nagoya et de l’éliminer définitivement...

Notre avis : À l’origine, directement destiné au marché de la vidéo au Japon, Gozu s’est vu sélectionné pour l’édition 2003 de la Quinzaine des réalisateurs à Cannes... voici sans doute pourquoi nous retrouvons dans nos salles obscures ce film qui en tant normal serait qualifié d’"insortable" !
Difficile de livrer en quelques lignes un "jugement" sur cet énième opus barré de Takashi Miike, tant l’œuvre du monsieur échappe à toute rationalisation critique. Et c’est bien ce qui fait justement le charme de ce réalisateur prolifique... Imprévisible, surprenant, son cinéma fonctionne avant tout sur une relation viscérale entretenue avec le spectateur (consentant ou non...), chacun y trouvant ce qu’il est venu y chercher... Gozu a beau regorger d’une symbolique surabondante à rendre fou votre psychologue - Œdipe, homosexualité refoulée, peur du sexe et de la femme- qui selon le spectateur pourra paraître ou fascinante ou inutile ou prétentieuse... le cinéma de Miike est avant tout une expérience sensorielle, un trip où le spectateur embarque sans connaître sa destination finale...
Immense fourre-tout à la fois malsain, trash, émouvant, triste, hilarant, Gozu pourrait s’apparenter à la rencontre improbable et sous psychotropes de Franz Kafka, David Lynch et David Cronenberg en l’espace d’un film et d’une scène finale hallucinante que vous n’aurez pas fini de ne pas oublier...
Alors qu’est ce donc au final que Gozu ?
Un immense foutoir échappant à toute classification simpliste... une histoire d’amour improbable ultra trash traînant en longueur pour mieux vous surprendre, ou plus simplement un film de Takashi Miike... ce type est fou !... mais quelque part... ça fait du bien...