Objection !
Le 25 juillet 2015
Réalisateur qui a redéfini le sens du mot prolifique, jamais effrayé par un défi cinématographique aussi absurde soit-il, Takashi Miike s’attaque dans Ace Attorney à l’adaptation d’une série de jeux vidéo adepte dans l’art du non-sens. Le résultat, cela ne surprendra personne, est un bel ovni.
- Réalisateur : Takashi Miike
- Acteurs : Akira Emoto, Hiroki Narimiya, Fumiyo Kohinata
- Genre : Comédie, Inédit (salle, vidéo), Adaptation de jeux vidéo
- Nationalité : Japonais
- Durée : 2h15mn
- Titre original : Gyakuten Saiban
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Réalisateur qui a redéfini le sens du mot prolifique, jamais effrayé par un défi cinématographique aussi absurde soit-il, Takashi Miike s’attaque dans Ace Attorney à l’adaptation d’une série de jeux vidéo adepte dans l’art du non-sens. Le résultat, cela ne surprendra personne, est un bel ovni.
L’argument : Au Japon, dans un futur proche, le système judiciaire est surchargé par la hausse exponentielle de la criminalité. Un système de procès accélérés est introduit, où l’accusation et la défense se font face durant trois jours avant que le juge ne rende son verdict. Le jeune avocat Phoenix Wright doit rapidement faire ses preuves lorsqu’il doit faire face au meurtre de son mentor Maya Fey. Pour trouver la clé du mystère, il devra affronter un système légal corrompu, une pâle imitation du monstre du Loch Ness et une rafale de pouvoirs mystiques.
- © Toho Company / Capcom Company
Notre avis : Après s’être essayé à quasiment tous les genres possibles, du film de Yakuza à l’horreur, en passant par les super-héros et la comédie musicale, le dément Takashi Miike a décidé il y a quelques années de rajouter une adaptation de jeu vidéo à son palmarès. Réalisateur prolifique (près de cent films à son actif), capable de sortir avec une régularité de métronome de solides long-métrages qui peuvent parfois virer au chef-d’œuvre (le dérangeant et dérangé Ichi the Killer, déconseillé aux âmes sensibles), sa capacité à alterner les tons et les genres en fait le candidat idéal pour rehausser le niveau médiocre des adaptation de jeux vidéo au cinéma. Ce jeune médium a été particulièrement maltraité par le septième art et ce mariage de convenance a donné lieu à des dizaines de navets. Contrairement aux adaptations de comics, qui nous offrent parfois quelques gemmes, le jeu vidéo ne bénéficie toujours pas de vraie réussite sur grand écran, à l’exception peut-être du sympathique Professeur Layton et la Diva Éternelle. Toujours prêt à surprendre, Miike a refusé de s’attaquer à une franchise vraiment célèbre ou qui corresponde à certains de ses anciens films. Pas de film de Yakuza donc, mais une adaptation de Phoenix Wright : Ace Attorney, une série de jeux relativement inconnue du grand public et qui nécessite un travail d’adaptation monumental. Développés par les équipes de Capcom (Resident Evil, Street Fighter), ces romans virtuels vaguement interactifs sont remplis de charme et d’un humour typiquement japonais. Ils mettent en scène des personnages surréalistes aux apparence dignes des animés les plus fous au sein d’enquêtes tortueuses qui donnent un nouveau sens au mot tarabiscoté et qui sont souvent plus sanglantes qu’elles n’en ont l’air. Des intrigues qui s’étalent sur des dizaines d’heures de jeu et se complexifient exponentiellement jusqu’au dénouement. De quoi faire pâlir de jalousie Peter Jackson. Et comment Takashi Miike décide-t-il d’adapter tout cela ? En compressant le tout en deux heures et en ne changeant presque rien !
L’audace (ou la paresse ?) de Miike est telle qu’il ne cherche à aucun moment à simplifier ou à réinterpréter le matériau de base et le retranscrit sur grand écran tel quel. Le résultat est donc un maelstrom de confusion comique pour quiconque n’aurait jamais approché le jeu original. Un manque d’implication qui traduit peut-être un désintérêt de Miike pour ce projet en particulier, en tout cas au niveau de l’intrigue et des personnages principaux, un peu fades par rapport au jeu et interprétés par des comédiens dont le seul talent est de vaguement ressembler aux personnages de pixels. La galerie de seconds rôles rattrape néanmoins cette déception, tant Miike sombre avec eux dans l’absurdité la plus totale, comme le démontrent les scènes de procès où le public, pour une raison inconnue, est toujours déguisé et affublé de perruques de cirque. Le souci du détail apporté à la reconstitution du visuel du jeu est impressionnant. L’esthétique si particulière du jeu est parfaitement retranscrite, jusque dans les coiffures qui feraient rougir de jalousie Akira Toriyama. On regrettera juste la photographie de Masakazu Oka qui, si elle est réussie, demeure néanmoins un peu terne à côté des tons pop et des couleurs éclatantes de l’œuvre originale.
S’il s’agit donc d’une œuvre mineure de Takashi Miike, Ace Attorney réussit malgré tout l’exploit d’être une adaptation vidéo-ludique réussie, qui parvient à amuser tout en restant reste fidèle à l’esprit du jeu. Véritable ovni dans la production japonaise et dans la filmographie de Miike, il s’agit d’une enquête colorée et bouffonne, malheureusement fermée au public n’ayant pas connaissance du jeu mais qui parvient toujours à provoquer un sourire grâce à son exubérance revendiquée.
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