Le 6 janvier 2020
Entre comédie burlesque, film de kung-fu facétieux, et thriller vertigineux, First Love, le dernier yakuza fait montre d’une inventivité et d’un rythme absolument jubilatoires.
- Réalisateur : Takashi Miike
- Acteurs : Shōta Sometani, Masataka Kubota, Nao Ohmori
- Genre : Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters, Action
- Nationalité : Britannique, Japonais
- Distributeur : Haut et Court
- Durée : 1h48min
- Date télé : 12 février 2021 20:40
- Chaîne : OCS Choc
- Titre original : Hatsukoi
- Date de sortie : 1er janvier 2019
- Festival : Festival de Cannes 2019, Quinzaine des réalisateurs 2019
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Résumé : Une nuit, à Tokyo. Leo, un jeune boxeur, rencontre Monica, une callgirl impliquée dans un trafic de drogue. Toute la nuit, un policier corrompu, un yakuza, son ennemi juré et une tueuse envoyée par les triades chinoises, vont les traquer à travers la ville.
Notre avis : Curieux cocktail pour un seul film : un boxer mélancolique, dévoré par une tumeur au cerveau, un policier corrompu, une jeune droguée qui paye la dette de son père en se soumettant à la prostitution, la guerre entre les mafias japonaise et chinoise qui se règlent à coups de têtes tranchées, et surtout une série de quiproquos, autour d’un curieux trafic de stupéfiants, qui va mettre en ébullition tous ces univers composites. Dit comme cela, on pourrait s’attendre à un casse-tête asiatique. A cela s’ajoute le mélange des langues entre le chinois et le japonais, et la confusion d’un clan à l’autre, qu’un Occidental peut ressentir dans la distinction des visages. En réalité, First love, le dernier yakuza est tout le contraire. Si dans les premières séquences, le spectateur s’interroge sur les liens entre tous les personnages, et surtout s’il va finir par comprendre quelque chose à ce récit mouvementé, très vite, le rire prend le relais et l’incroyable inventivité du scénario fait sens.
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Il y a quelque chose de presque obséquieux à rire sur des événements aussi graves. Les têtes se coupent, les personnages s’entretuent dans des batailles aussi fantasques que violentes, les junkies sont aux prises avec des hallucinations terrifiantes, les mafias règnent sur leur petit univers avec la cruauté qu’on leur connaît et la police cède à des penchants malhonnêtes. Bref, rien de bien drôle. Mais Takeshi Miike s’en sort avec brio. On reconnaît dans la mise en scène son obsession d’une violence poussée à son paroxysme, qui peut surgir sans prévenir dans l’existence de ses personnages. Mais la cocasserie domine et le spectateur dédramatise très vite ce qui pourrait ressembler à un drame social et urbain. Même l’animation s’invite dans ce récit rythmé, donnant à l’ensemble un air de comics ultra stylisée.
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Il est difficile en regardant ce film d’échapper à une vision du monde assez décadente. La morale finit quand même par gagner, mais tous les personnages errent dans un monde où chacun définit ses propres règles et limites. Seul Leo, le jeune boxeur, apparaît comme un personnage quasi christique. Son parcours de vie pourtant dramatique lui offre une certaine pureté, qui en fait une figure de sauveur. D’ailleurs, il tombe amoureux, sans jamais le dire, de la pauvre Monica, une toxicomane prostituée, et tout son combat demeure non pas de faire régner la paix et la justice, mais de sauver cet amour. C’est d’ailleurs ce récit sentimental qui donne le titre au film, même si, en réalité, il est loin d’occuper le centre du récit. On a affaire à des méchants corrompus jusque dans l’âme, parfois encore étreints par des sentiments moraux, qui ressemblent à des pantins désarticulés. Cette opposition entre la pureté et la décadence du monde relève d’une certaine forme de dandysme, d’autant que le réalisateur joue durant tout le film sur le mélange des genres. On ne sait jamais vraiment s’il faut rire jaune ou se désespérer d’une vision si pessimiste de la vie.
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First love, le dernier yakuza demeure une belle surprise de ce début d’année. Les spectateurs avides d’aventures, de rires et de légèreté teintée de profondeur, se régaleront de ce film. Le long-métrage dément avec joie le reproche qu’on peut souvent au cinéma nippon, à savoir la gravité du propos. Ici, Takashi Miike façonne un film pour le seul plaisir de ses spectateurs, n’oubliant pas pour autant de les susciter la réflexion sur les travers libéraux de nos sociétés contemporaines.
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