Le 5 décembre 2017
Un film divertissant et élégant, même si Takashi Miike est capable de mieux. Les inconditionnels du cinéaste ne devraient pas être déçus.
- Réalisateur : Takashi Miike
- Acteurs : Takuya Kimura, Hazuki Kimura, Hana Sugisaki, Sôta Fukushi
- Nationalité : Britannique, Japonais
- Distributeur : Netflix
- Durée : 2h20mn
- Titre original : Mugen no jûnin
- Festival : Festival de Cannes 2017, PIFFF 2017 (Paris International Fantastic Film Festival)
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Résumé : Au XVIIIe siècle, un samouraï immortel doit tuer mille malfrats pour racheter ses crimes. Il va bientôt faire équipe avec une jeune fille qui lui demande de l’aide pour venger ses parents, récemment assassinés par des bandits…
Critique : Adapté d’un manga en trente tomes dont la publication commença en 1993, Blade of the Immortal n’est rien de moins que le centième film de Takashi Miike. Entre cinéma d’auteur et films de genre, œuvres fantastiques à gros budget et séries B modestes, le cinéaste a été prolifique, du déjanté Gozu au plus académique Hara-kiri : mort d’un samouraï. Il est dommage que le film n’ait pas bénéficié de sortie en salle : présentée hors-compétition au Festival de Cannes avant une projection au PIFF (Paris international Fantastic Film Festival), l’œuvre est désormais visible seulement sur Netflix depuis le 1er janvier 2018. Sans doute méritait-elle mieux, au même titre que Okja de Bong Joon-ho, autre film ayant souffert de la controverse Netflix à Cannes 2017. Un beau prologue en noir et blanc, qui voit le héros impuissant face à l’assassinat de sa petite sœur, donne d’emblée le ton : le revenge movie est alors lancé, à travers l’apparition cinquante ans plus tard d’une orpheline qui pourrait être le double de la petite fille trépassée… Plus proche du lyrisme stylisé d’Il était une fois dans l’Ouest de Sergio Leone que de la balourdise de Léon de Luc Besson, Blade of the Immortal, tout en étant un ouvrage mineur, remplit sans difficulté son contrat : celui d’assurer un film d’action efficace et esthétiquement séduisant, sans pour autant être la plus personnelle des productions de son auteur.
On admirera le brio des scènes de combat, d’une chorégraphie très photogénique, ainsi que la subtilité du casting : l’inquiétant Takuya Kimura joue l’intègre Manji, quand le beau gosse Sôta Fuskushi, au jeune visage d’ange, incarne avec perfection le méchant machiavélique. Pourtant, Takashi Miike semble avoir gagné en professionnalisme ce qu’il a perdu en originalité et étrangeté gore. Il faut dire que le wuxia asiatique nous a habitués à de nombreuses fulgurances, du Secret des poignards volants de Zhang Yimou à The Assassin de Hou Hsiao-hsien, et que le cinéma japonais d’auteur et de genre a donné de bien belles pépites avec les dernières productions de Kiyoshi Kurosawa. De là à affirmer que Takashi Miike serait dépassé sur son propre terrain, il n’y a qu’un pas que nous ne franchirons pas, tant Blade of the Immortal regorge de morceaux de bravoure : cadavres empilés en mode cartoon, geysers d’hémoglobine misant paradoxalement sur la sobriété visuelle ou humour second degré au détour d’une scène de souffrance : tels sont les ingrédients qui pourraient sembler roublards mais dénotent en fin de compte un sens aigu du décalage, même si on est loin de la jubilation du pastiche référentiel du Tarantino des Kill Bill volumes 1 et 2. Tel quel, Blade of the Immortal est un spectacle plaisant que l’on aurait tort de bouder.
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