Takashi Miike et les derniers samouraïs
Le 4 janvier 2021
Dans la plus pure tradition du genre jidai-geki, Takashi Miike frappe très fort pour s’élever au niveau de Akira Kurosawa, le maître en la matière. Du grand art...
- Réalisateur : Takashi Miike
- Acteurs : Kōji Yakusho, Yusuke Iseya, Takayuki Yamada, Seizô Fukumoto
- Genre : Drame, Action, Remake
- Nationalité : Britannique, Japonais
- Durée : 2h06mn
- Titre original : Jûsan-nin no shikaku
- Festival : BIFFF 2011
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– Année de production : 2010
Résumé : Treize samouraïs sont recrutés pour une mission suicide : aller tuer un seigneur maléfique.
Critique : Alors que depuis quelques années, le public occidental s’est familiarisé avec le wu xia pian (plus communément appelé "film de sabre chinois") grâce à ses meilleurs représentants internationaux que sont Ang Lee (Tigre et dragon) et Zhang Yimou (Hero, mais aussi Le secret des poignards volants), c’est au tour du chanbara (son équivalent japonais) de revenir sur le devant de la scène. Plus précisément, 13 assassins s’inscrit dans la lignée du jidai-geki, annoncé par le texte introductif qui permet de replacer le spectateur dans la complexité inhérente au contexte historique du Japon féodal. Contrairement aux Sept samouraïs ou à Kagemusha qui se déroulent durant le XVIe siècle, 13 assassins se situe à une période charnière de l’histoire japonaise médiévale puisqu’elle annonce le déclin du shogunat au détriment de l’ère Meiji (le début de l’ère tournée vers un modèle calqué sur la modernité occidentale).
Au premier abord, les aficionados du cinéma prolifique et horrifique de Takashi Miike se retrouveront totalement déroutés par ce brusque changement de style. En effet, dans un souci de fidélité à l’œuvre originale de Eiichi Kudo, le réalisateur nippon reprend la trame narrative obéissant aux classiques du genre pour mieux s’en éloigner ultérieurement. Dans un premier temps, Miike ne se soucie guère de la facilité avec une introduction assez fastidieuse pour qui ne ferait pas l’effort de se familiariser avec la multitude de personnages balancés. Évoluant dans un décor terne, très proche du Tabou de Nagisa Oshima, ces scènes sont exclusivement confinées dans l’espace restreint et codifié que constitue le dojo. Selon le code d’honneur du samouraï, point de doute, la violence (au service de son maître) répond à la violence (perpétrée par l’ennemi)... Avant un final d’anthologie, long de 50 minutes, Miike délaisse l’espace intimiste pour prendre le grand air dans un décor naturel à couper le souffle, d’autant plus grandiose qu’il s’oppose à l’étroitesse des lieux préalablement instaurée.
Là où personne ne l’attendait -plus habitué à un univers oppressant, où la violence est à la limite du supportable (à son comble dans Audition)-, il fait preuve d’une maestria qui laisse sans voix lors de la bataille déséquilibrée entre les treize samouraïs et l’armée du guerrier sanglant (à 1 contre 100) qui est à montrer dans toutes les écoles de cinéma, tant par sa perfection technique que par son intensité dramatique. Assurément, 13 assassins trouve sa place parmi des classiques aussi costauds et immanquables que Les sept samouraïs et Les douze salopards.
– Sortie : le 20 mars 2012 en DVD
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