Sur la Butte
Le 3 décembre 2023
Dans son premier film français depuis La règle du jeu, hymne inspiré au monde du spectacle, Jean Renoir magnifie l’imagerie belle-époque mais sait aussi susciter une émotion rare.
- Réalisateur : Jean Renoir
- Acteurs : Jean Gabin, Patachou, Maria Felix, Françoise Arnoul, Valentine Tessier, Max Dalban, Jacques Marin, Dora Doll, Jean Parédès, Albert Rémy, Pâquerette, Jaque-Catelain, Palmyre Levasseur, Dorothée Blanck, Giani Esposito, Gaston Gabaroche, Jacques Jouanneau, Franco Pastorino, Michèle Philippe, France Roche, Philippe Clay, Edith Piaf, André Claveau, Jean Raymond, Paul Mercey, Rosy Varte, Jacques Ciron, Joëlle Robin
- Genre : Historique, Comédie musicale, Musical
- Nationalité : Français, Italien
- Distributeur : Gaumont Distribution
- Durée : 1h46mn
- Date de sortie : 27 avril 1955
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Résumé : Danglard est le directeur d’une salle de spectacle à Montmartre, le Paravent Chinois. Sa maîtresse, une comédienne nommée la Belle Abbesse, en est la vedette. Pour attirer une clientèle de bourgeois, il décide de relancer une danse passée de mode, le cancan, et de faire construire un nouvel établissement, le Moulin Rouge. Nini, une petite blanchisseuse, deviendra la nouvelle étoile grâce, notamment, aux sentiments du prince Alexandre.
Critique : Ce n’est qu’au cours de l’année 1953 que Jean Renoir, qui avait quitté la France en octobre 1940, revint s’installer à Paris. Entre-temps, il a tourné Le fleuve en Inde et Le carrosse d’or à Rome (en février-mars 1952).
Il n’est pas à l’origine de French cancan, grosse coproduction franco-italienne évoquant sous une forme romancée la création du Moulin Rouge par Zidler en 1889. Mais lorsqu’il reprend le projet durant l’été 1954 après avoir mis en scène Jules César de Shakespeare aux Arènes d’Arles, il réécrit le scénario de fond en comble et se l’approprie totalement.
L’intrigue déroule le schéma de La règle du jeu et de tant d’autres films du cinéaste : une femme (Nini) hésitant entre trois hommes. Les dialogues, s’ils sont riches en trouvailles savoureuses, sont dénués de cynisme et ne tombent jamais dans le piège de la réplique qui tue et autres travers qui empoisonnent le cinéma français de qualité.
Pour faire revivre le Paris de la fin du dix-neuvième siècle, Renoir recourt à une esthétique de studio à base de toiles peintes qui permet au décorateur Max Douy et au chef opérateur Michel Kelber de réaliser de véritables prodiges en s’inspirant directement des toiles des maîtres impressionnistes.
Le plaisir de l’œil est constant dans French cancan mais sans que le film ne se fige en une suite de tableaux. Tout est merveilleusement animé au contraire. Renoir fait de chacun des innombrables personnages le protagoniste d’un instant, aussi fugitive que soit son apparition et aussi secondaire que soit le rôle dans l’économie de l’ensemble. Il serait fastidieux de citer tous les acteurs mais retenons quand même, un peu au hasard, la grande Valentine Tessier (ex-Madame Bovary), impayable en blanchisseuse montmartroise à l a langue bien pendue (Et le plissé de vos fesses, Madame, comment est-ce qu’il est ?) et l’émouvante Pâquerette en Prunelle, l’ex-danseuse devenue clocharde.
Côté vedettes c’est surtout la Nini de Françoise Arnoul qui enchante Renoir et le spectateur par sa grâce sans apprêts, Gabin et Maria Felix livrant des prestations solides mais attendues.
Hymne inspiré au monde du spectacle et à sa morale du don total dans l’instant, French cancan doit sans doute son succès mérité au cancan final, un éblouissant morceau de bravoure. Mais nombre d’autres moments sont tout aussi inspirés.
Dans la grande scène de répétition interrompue par l’aveu forcé de Nini, la traversée de l’écran en diagonale par la jeune femme dont la course précipitée s’arrête contre un poteau au premier plan est un de ces points d’acmé dramatique dont Renoir a le secret et où il atteint un équilibre acrobatique entre virtuosité et émotion.
– Sortie en Italie : 27 décembre 1954
– Apparitions de Patachou (en Yvette Guibert), Edith Piaf (Eugénie Buffet) etc...
– Musique de Georges van Parys
– "La complainte de la Butte’’ chantée par Cora Vaucaire
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