Scène de ménage avec piano à queue
Le 4 avril 2010
Une screwball comédie à la française très enlevée et une irrésistible galerie de personnages.
- Réalisateur : Jacques Becker
- Acteurs : Daniel Gélin, Jean Galland, Micheline Rolla, Anne Vernon, Élina Labourdette, Jacques François, Edmond Ardisson, Betty Stockfeld, Jean Toulout, Hélène Duc
- Genre : Comédie
- Nationalité : Français
- Distributeur : Alliance Générale de Distribution Cinématographique (AGDC)
- Durée : 1h27mn
- Date télé : 8 mars 2024 22:44
- Chaîne : Ciné+ Classic
- Date de sortie : 6 avril 1951
- Festival : Festival de Cannes 1951
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Résumé : Édouard et Caroline sont deux tout jeunes mariés. Édouard est pianiste. Il rêve de gloire. L’oncle de Caroline organise une réception à laquelle ils sont invités. Parmi cette assemblée très snob, Édouard révèle un réel talent. À la suite d’une brouille, Caroline veut divorcer, mais le projet d’un concert salle Pleyel et leur jeunesse les réconcilient.
Critique : Édouard et Caroline est la première des deux collaborations de Jacques Becker avec la scénariste Annette Vademant. C’est une comédie centrée sur un couple de jeunes mariés aux rapports orageux qui partagent un minuscule deux-pièces avec un piano à queue. Toute la première partie du film se déroule dans cet espace dont l’exiguïté entraîne nombre de situations cocasses, par exemple lorsque Caroline, téléphonant pendant qu’Édouard donne de mauvaise grâce un mini-récital pour la concierge et son neveu mélomane en permission, est obligée de se réfugier sur le palier ou, lorsque pour s’isoler, elle tire un dérisoire rideau de séparation. L’ambiance est constamment survoltée comme dans les meilleures comédies américaines de remariage - à la McCarey - dont le film s’inspire à l’évidence. Daniel Gélin et Anne Vernon, jeunes et charmants, s’en donnent à cœur joie avec un sens du timing irréprochable.
La soirée mondaine est également très réussie, avec sa galerie de personnages très joliment croqués mais sans méchanceté excessive : Madame Marville (Betty Stockfeld), trop prompte à se laisser entraîner par ses impulsions généreuses et à se ridiculiser ; Florence « les yeux de biche » (Élina Labourdette), insupportable et exquise coquette ; l’oncle Claude (Jean Galland) horriblement snob, prononçant à l’anglaise le nom de Caroline ; sans oublier l’extra Igor qui a bien du mal à rester à sa place, et le majordome, gardien sourcilleux de l’ordre...
Là aussi, dans le vaste appartement du seizième arrondissement, l’espace est utilisé de façon virtuose autour d’un magnifique piano Pleyel de concert loué spécialement pour l’occasion - car enfin, « on n’achète pas de piano de concert, c’est un meuble incroyablement laid ! »
Le rythme effréné du film n’est nullement ralenti par les morceaux assez longs joués par Édouard. Les champs-contre-champs entre le pianiste et l’assistance parviennent en effet à créer une véritable tension et font de ces scènes, à priori de remplissage, des moments forts de l’action.
L’attention au détail, le regard à la fois caustique et chaleureux de Jacques Becker font merveille dans ce film qui, loin d’être mineur dans sa riche mais brève carrière, appartient peut-être à sa veine la plus heureuse, celle de Falbalas et Antoine et Antoinette. Deux ans plus tard, Rue de L’estrapade - scénario d’Annette Vademant - réunira à nouveau Daniel Gélin et Anne Vernon dans une configuration différente mais avec un égal bonheur.
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