La côte d’Adam de Olivier Adam - La critique
Le 26 septembre 2005
Entre douleur d’enfance, apprentissage de la solitude et amour impossible, un roman parfait.
- Auteur : Olivier Adam
- Editeur : Points
- Date de sortie : 24 août 2006
Olivier Adam revient sur les thèmes et les personnages qui le hantent pour écrire un roman parfait. Entre douleur d’enfance, apprentissage de la solitude et amour impossible, Falaises constitue le point d’orgue des textes de ce jeune écrivain.
Olivier Adam est un écrivain à fleur de peau. Une fois encore, il plonge au cœur de l’enfance pour comprendre l’adulte qu’il est devenu. L’enfance, c’est là où la blessure est la plus vive, là où les explications prennent leur source et où les traumatismes trouvent leurs origines. On est frappé à la lecture de Falaises des similitudes existant avec les autres romans d’Olivier Adam et principalement de ses récits jeunesse (Comme les doigts de la main, le suicide dans La messe anniversaire, Sous la pluie où l’on identifie la même mère dépressive). Et c’est sans doute pour ça que ce texte contient une force sourde et permanente, une violence parfaitement maîtrisée, comme si l’écrivain avait enfin effectué la mise au point parfaite sur un passé qui le hante.
C’est au pied des falaises d’Etretat, sur la côte Normande, que les souvenirs prennent corps. D’avant, il reste très peu de choses. Quelques photos, quelques films, "un flot brumeux d’images", rien qui ne soit véritablement ancré à l’intérieur. Le point de départ des réminiscences, c’est le jour où sa mère se suicide en se jetant du haut d’une falaise. Le père devient aigri, impossible à vivre, brutal, renfermé. Le frère, plus âgé, perd l’usage de la parole, part à la dérive, devient copain avec des écorchés vifs. Et le narrateur, Olivier Adam, se construit une carapace, seul, maître de son destin, privé de son adolescence car totalement livré à lui-même, sans personne pour lui transmettre l’amour et la confiance.
De bout en bout, la douleur des souvenirs s’invite, les événements d’une vie tragique remontent à la surface, la renaissance d’un homme se fait jour. Le style d’Olivier Adam est celui d’un chirurgien des âmes, sobre et dépouillé. Il expose les brèches avec un talent inouï, excelle dans sa manière de parler des autres, mêlant tendresse et détresse comme si ces deux éléments étaient indissociables. Avec Falaises, c’est la douleur de la disparition que l’on apprend à apprivoiser. Mais ce texte déborde également de portraits de paumés magnifiques, d’individus qui n’ont rien d’autre que leur grandeur d’âme pour les pousser. Au final, on obtient un roman plein de grâce et de sensibilité, touchant, profondément humain. Et un écrivain qui possède tous les talents pour obtenir une reconnaissance bien méritée.
Olivier Adam, Falaises, Ed. de l’Olivier, 2005, 206 pages, 18 €
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attica 5 octobre 2005
Falaises
J’ai eu la chance de lire Falaises d’Olivier Adam. Je dis la chance parce que ce livre est bouleversant. A la fois sombre et lumineux, tendre et dur...
L’histoire de cet homme à la recherche de sa jeunesse enfouie au fond de sa mémoire. A la recherche des moments heureux qu’il a pu vivre, des sentiments d’amour et de bonheur qu’il a peut-être ressenti un jour. A la recherche d’une enfance perdue dans les limbes de la douleur, de la détresse. A la recherche de sa mère, ombre parmi les ombres, qui a choisi de partir en allant rejoindre pour un dernier vol les oiseaux...
Il y a ceux qui croisent sa route et avec qui il fait un bout de chemin. Juste un bout de chemin, parce qu’ils disparaissent tous tôt ou tard, emportés par leurs démons et leur souffrance... Tous marqués par la vie, par la douleur, la tristesse, la difficulté d’être dans ce monde... Ombres qui ne font que traverser ce monde dans lequel elles ne se retrouvent pas, dans lequel elles n’ont pas de place. Lorette, Léa, Laetitia, Nicolas, Antoine... Eux qui ont choisi de partir pour toujours où juste de fuir très loin cette vie qui les tuait lentement... Tous à chercher une preuve tangible de leur existence en vivant le plus brutalement et dangereusement possible. Tous au bord d’une falaise... retenu à la vie par un équilibre précaire...
Et puis il y a Claire et Chloé, ses lumières, son oxygène. Claire et Chloé, qui le gardent à la vie, au monde. Claire qui l’accompagne dans ses douleurs, dans ses démons, pour le ramener vers la lumière. Chloé, sa joie, son enfant, sa tendresse. Chloé à qui il veut offrir une vie et un bonheur qu’il n’a jamais eu.
Et puis il y a ce père, violent, brutal, craint, fuit et abandonné. Ce père qui tout le temps restera un mystère pour lui et son frère... Ce père sombre et ténébreux dont on ne saura jamais vraiment si un jour il a été heureux et lumineux.
Les larmes coulaient toutes seules à la lecture de ces vies, à la rencontre de ces personnages, beaux, entiers et tellement douloureux.
marmotte 3 mars 2006
Falaises
Falaises est un roman qui vous emmène loin du présent, dans un ailleurs, passé douloureux ou espace brumeux des bords de mer, mais qui aussi vous parle de vous à travers cette quête d’un passé où l’enfant a tout vu et tout oublié...Cette mère liée à jamais aux falaises normandes hante l’enfant à qui elle réapparait mystérieusement. Ce roman est cruel mais j’ai regretté que parfois toutes lumières éteintes l’enfance sacrifiée et volée soit trop démonstrative d’une époque sans repères...Cependant il faut lire ce roman pour toute la tendresse qui se glisse dans la douleur de l’adulte qui réapprend à vivre.