Petits arrangements avec la mort
Le 17 décembre 2003
Peinture d’un groupe d’adolescents bouleversé par la disparition brutale de l’une de leurs amies. Attention talent !


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Comment dire la mort quand on a quinze ans et qu’on déborde de vie ? Avec talent, Olivier Adam entreprend la peinture d’un groupe de jeunes gens bouleversé par la disparition brutale de l’une de leurs amies. Une chute vertigineuse dans l’univers des adolescents.
Ils sont cinq, Titou, Sophie, Nico, Marilou, Alex, fragilisés et déboussolés. Il y a un an, ils formaient une petite bande de copains et ils étaient six. Jusqu’à une soirée sur un balcon. Et le corps de Caroline qui, sous leurs yeux, est allé s’écraser au bas de l’immeuble. Tous vont devoir vivre avec ce souvenir violent qui ne supporte pas de mot. Et chacun de s’enfermer dans son mutisme, d’essayer tant bien que mal de survivre à Caroline. Jusqu’à l’annonce d’une messe anniversaire, un an jour pour jour après cet instant charnière où le vide a tout pris.
La messe rouvre la blessure à jamais béante. Chacun, resté seul face à son propre deuil, va être confronté au souvenir et aux retrouvailles avec les autres. Cinq chapitres, cinq façons d’appréhender la mort. Il y a Alex, qui a éconduit Caroline ce fameux soir, à l’âge où l’on voudrait mourir par amour. Titou, qui "déraille" après avoir perdu son amie d’enfance. Marilou, qui a déménagé dans le Nord. Nico, hanté par le vide laissé par Caroline. Et surtout Sophie, la meilleure amie de Caroline, déchirée, qui refuse la fatalité.
Olivier Adam, avec des phrases simples et courtes, raconte le vide et l’absence dans un rythme syncopé, haletant. De formation musicale, l’auteur transforme ce roman polyphonique, presque épistolaire, en un petit quintette mélancolique et plein d’espoir. Une réflexion franche qui prend à la gorge, en balayant le pathos. Une belle réussite pour un livre modeste et pourtant indispensable.
L’extrait |
Olivier Adam, La messe anniversaire, L’Ecole des Loisirs, coll. "Médium", 2003, 182 pages, 9,50 €