Le 31 décembre 2018
Le troisième livre de Vincent Almendros déçoit par un style curieusement affecté, au service d’une histoire prévisible.
- Auteur : Nestor Almendros
- Editeur : EDITIONS DE MINUIT
- Genre : Roman & fiction
- Date de sortie : 4 janvier 2019
- Plus d'informations : Le site officiel
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Date de parution : 04/01/2018
Résumé : A défaut de pouvoir se détériorer, mes rapports s’étaient considérablement distendus avec ma famille. Or, cet été-là, ma cousine se mariait. J’allais donc revenir à Saint-Fourneau. Et les revoir. Tous. Enfin, ceux qui restaient. Mais soyons honnête, le problème n’était pas là.
Copyright Les Editions de Minuit
Notre avis : Une remarque d’abord : le passé simple, dans les récits contemporains, ça ne passe plus, c’est guindé, c’est ringard. On n’imagine pas qu’un groupe verbal, nanti de ce temps ancestral et décroché au sein d’un paragraphe de deux mots, ne laisse pas clignoter trois signaux : 1- je revendique la dimension littéraire de ma présence 2- je sais que l’alternance passé simple/imparfait est le fond de sauce qui a mijoté dans les grandes marmites littéraires. 3- regardez-moi, puisque mon auteur ne m’a pas offert l’anonymat d’un plus long segment narratif. Exemple : "Je m’écartai".
Almendros aime les passés simples et il les sert à tous les groupes. Un fragment, encore : "A tâtons dans le noir, je cherchai l’interrupteur en laissant ma main glisser sur le mur.". A la ligne : "J’allumai". Si tu n’as pas compris, lecteur, que la lumière jaillit de la simple pression d’un interrupteur, il faudra que visuellement le récit te le signale par une sorte d’harmonie imitative. Clic, le temps du récit. Clac, la lumière.
Et puis, quand on creuse un peu l’affaire, on se dit qu’il y a une logique : cet homme et cette femme de retour dans un village ancestral -où forcément des vieux cruciverbistes désoeuvrés hantent les bars- mesurent la distance qui les sépare de la ruralité, quand bien même dans le vieux pot du récit bourgeois, il y aurait des secrets du côté de la mère, une maladie incurable de l’oncle et un meurtre prévisible comme nez purulent sur figure d’ivrogne. On va jusqu’au bout en se disant que non, ce n’est pas possible, l’auteur du prometteur Un été, n’a pas cédé à cette facilité, jusqu’aux insectes qui "vibrionnent" et aux protagonistes triomphants qui "s’enorgueillissent". Mais si et bien pire : par une hiérarchie tacite, l’intériorité n’est dévolue qu’aux plus méritants. Et ce ne serait pas suffisant si l’on n’annonçait pas l’intention. Ralentir : focalisation interne. Signalisation : "je me fis la réflexion". Et le reste de la phrase : "que ce n’était sans doute pas un hasard si elle s’occupait d’animaux blessés". Imaginons que, furieusement discourtois, le narrateur dévoile à sa cousine Lucie ses soudaines compétences psychanalytiques, hypothèse que ne configure pas absolument pas le dialogue, les réflexions deviennent mots, remarques, reproches. Mais, en l’occurrence, non. Pourquoi alors s’embarrasser d’une formule si lourde et si affectée ? Quant aux mouches dont la présence encombre le roman, on les entend voler, forcément. Pitoyables bestioles réduites à leur dimension allégorique dans un été qu’on imagine poisseux.
Tant de signaux sur une route si balisée. A vous donner des envies d’accidents.
Parution : 04-01-2018
Les Editions de Minuit
126 pages, 18,4 x 1 x 13,7 cm
Copyright Les Editions de Minuit
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