Chimères pour Chimène
Le 31 mars 2004
Mots merveilleux, art magique de l’intrigue : un court roman aussi élégant qu’une tragédie classique.
- Auteur : Michel Quint
- Editeur : Joëlle Losfeld
- Genre : Roman & fiction
Un amour impossible, une guerre qui sépare les protagonistes, la douleur et la mort : tout ce qui définit la tragédie classique cohabite dans le court roman de Michel Quint. Mais lorsque s’y mêlent un sens du verbe élégant et une ode au théâtre, alors la perfection n’est pas loin
Si l’on ne prête pas garde aux merveilleux mots de Michel Quint et à son art magique de la mise en scène, l’intrigue de Et mon mal est délicieux pourrait faire partie de ces romans d’été. De ceux que l’on lit alangui sur une plage au soleil et qui nous séduisent par leur simplicité, mais ici, la simplicité n’est qu’apparente. Tout d’ailleurs n’est qu’apparence et illusion dans le court récit de ce Lillois, ancien prof de lettres et de théâtre.
Avant de devenir une résidence d’écrivains, la Chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon a abrité une histoire bouleversante : celle que raconte Max Klein, un vieux Juif de quatre-vingts ans. Il y soixante ans de ça, le jeune Max a rencontré l’amour, le seul et l’unique, celui qui vous tient toute une vie. Il tombe éperdument amoureux de Luz, une chiffonnière espagnole, qui s’approprie tous les soirs le drame de la tragédie de Corneille Le Cid. Mais l’irruption d’un Rodrigue en la personne d’un mystérieux Gérard va enlever le cœur de Luz, qui attendra toute sa vie que ce dernier tienne sa promesse et vienne jouer la pièce rien que pour elle... jusqu’à ce soir de juillet 1951 où Gérard Philipe revient dans la cour d’honneur du Palais des Papes.
Merveilleux hommage à la passion du théâtre, ainsi qu’à la passion amoureuse, ces quatre-vingts pages tiennent davantage de la tragédie cornélienne que du roman à l’eau de rose. Mais la plume de Michel Quint n’est pas déclamatoire ou affectée comme elle peut l’être parfois dans le drame classique. La douleur et les moments de bonheur glissent sous une langue pure et délicate, et le sacrifice amoureux n’en apparaît que plus sublime, et en même temps si proche de nos petits théâtres intimes.
Michel Quint, Et mon mal est délicieux, Ed. Joëlle Losfeld, coll. "Arcanes", 2004, 96 pages, 6 €
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une grand-mère provençale 28 avril 2004
Et mon mal est délicieux - Michel Quint - critique livre
Je viens de relire "Et mon mal est délicieux", ce livre m’émeut pour des raisons multiples : un amour de jeunesse qui dure jusqu’à la vieillesse, la vie de gens humbles bouleversée par l’Histoire, la passion du théâtre,la magie symbolique d’Avignon, le rêve qui construit une femme, un homme.Il me replonge dans le temps heureux de mes jeunes années : Gérard Philippe a été mon héros et j’ai tant voulu le voir sur scène ! Mon souhait s’est réalisé lorsque j’ai pu le voir jouer au T.N.P, à Paris.Michel Quint a su restituer les années de guerre et d’après-guerre, merci à lui.