Le 15 décembre 2016
Un conte oriental humble et généreux sur une Algérie divisée entre tradition et modernité.
- Réalisateur : Farid Benchaouche
- Acteurs : Sid Ahmed Agoumi, Mounir Margoum, Myriem Akheddiou
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français
- Durée : 1h41mn
- Date de sortie : 21 décembre 2016
L'a vu
Veut le voir
Résumé : Lorsqu’il foule le sol algérien, Jamel, archéologue français d’origine algérienne, vient pour effectuer des fouilles sur les sublimes ruines romaines du village de Timgad. Le passé s’offre à lui, et le présent lui tombe dessus lorsqu’il est propulsé entraîneur de foot de l’équipe locale. Des gamins qui jonglent avec un quotidien chiche, qui n’ont ni maillot ni chaussure, mais dribblent avec talent. Entre vestiges antiques et plaies des luttes récentes, Jamel découvre sur ce terrain les racines tortueuses et les jeunes pousses d’une Algérie qui se rêve réconciliée…et championne de foot.
Notre avis : Il était une fois un instituteur laïque et francophone. A la fin du ramadan, il appelle une sorcière qui lui donne un puissant aphrodisiaque qu’il verse dans la sauce du couscous. Neuf mois plus tard, c’est la fameuse Nuit des Douze Naissances, les fils et les filles d’un jour. C’est aussi le début du film qui se déroule à Timgad, village dépeuplé dont les vestiges classés au Patrimoine Mondial de l’UNESCO attirent les archéologues du monde entier pendant que ses habitants, abandonnés de tous, tentent de se créer un avenir, symbolisé par ces enfants vifs et dégourdis qui, s’ils n’ont ni maillots, ni chaussures rêvent de gloire et de liberté à travers le sport. Leur malice et leur enthousiasme donnent aux adultes le droit d’envisager le dépassement des inégalités sociales et économiques qui tiraillent le pays, y compris dans le foot.
- Copyright Bodega Films
C’est par Jamel que tout arrive. Algérien d’origine mais imprégné d’une aura toute française, il catalyse tous les désirs d’immigration, toutes les amours chaotiques franco-algériennes et tous les espoirs. Il est celui qui sait, celui qui se voit dans l’obligation morale de prendre en charge le destin de ces douze gamins au talents inexploités. En retour, il découvre quelques personnages pittoresques et leurs histoires, véritable enjeux de cette fresque joyeuse. Il y a bien l’épicier qui arnaque un peu ses clients, l’imam qui tente de ramener les égarés dans le bon chemin mais surtout l’instituteur, un homme sévère qui aime ses élèves comme s’ils étaient ses propres enfants d’autant que sa femme et son fils ont péri lors des évènements tragiques de ces dernières années.
- Copyright Bodega Films
Car derrière le ton humoristique et détaché se profile une réalité dramatique, celle d’une période de terrorisme tout juste éteinte. Ainsi quand Jamel tombe amoureux de la belle Djamila, surnommée « la balafrée » à cause de la cicatrice qui lui raye le visage, souvenir douloureux de l’attentat qui tua son mari, tout le village s’émeut, à commencer par le jeune Mokthar, le fils de Djamila, qui voit cette liaison d’un mauvais œil. Jamel n’en a pas fini de découvrir les mentalités archaïques et sexistes qu’il qualifie lui-même de moyenâgeuses. Quand l’un des garçons doit quitter l’équipe sur l’ordre de son père, Jamel n’a d’autre solution que de le remplacer par une fille qu’il déguise en garçon et qui s’avère posséder un réel don pour le foot, oubliant seulement qu’en agissant de la sorte, il bafoue la religion musulmane qui interdit la pratique du sport à une fillette. Mêmes les chèvres lui joueront un mauvais tour, la nuit où elles grignoteront les chaussures difficilement obtenues pour le match, condamnant les enfants à jouer pieds nus après avoir peint des chaussures fictives sur leurs pieds.
- Copyright Bodega Films
Ces situations pleines de bonne humeur, ponctuées de dialogues volontairement naïfs sur des sujets graves et agrémentées de personnages attachants apportent une vraie note humoristique au récit. Certes, certaines scènes sont très convenues et la réalisation apparaît parfois comme maladroites, certains personnages (tout particulièrement le très méchant dirigeant de l’équipe adverse de foot) sont caricaturaux, mais malgré tout Timgad évite habilement le piège de la leçon de morale pour marquer généreusement un but en faveur de la tolérance et de la solidarité.
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.