Le titre est à l’image du roman. A double entrée, vivotant sans cesse entre deux destins scellés, condamnés à voler en éclats. Léger retour en arrière. Toulouse, dans les années 80, ces fameuses années Mitterrand, à l’époque où "Clash, Téléphone et Police étaient de frais retraités", où l’on porte le badge de SOS Racisme au revers de son blouson. Au lycée, le narrateur fait la connaissance d’Eric et ils deviennent potes de tous les instants. Un ami avec qui il partage sa passion pour le ciné, avec qui il fait la bringue et s’éclate dans des concerts. Rien d’anormal. A cet âge-là, tout le monde est tiraillé par les mêmes envies. Années d’insouciance et de perdition légère, période où la conscience militante s’éveille enfin au monde.

Sauf qu’Eric a le crâne rasé et marche avec une béquille. Eric est malade, gravement malade. Il se fait peu à peu grignoter par un cancer assassin. Au début, on ne comprend pas vraiment ce que cela signifie. Et puis, peu à peu, tout s’éclaire, comme une évidence injuste et inévitable. Quel est le désir le plus fort ? Penser à autre chose et profiter au jour le jour ? Ou bien compatir, se battre et accompagner de son mieux ?

Roman d’une époque habilement restituée, Enterrement de vie de garçon expose cette douleur d’une amitié condamnée, à un moment de la vie où la légèreté prend normalement le pas sur les soucis. Authier dit le chagrin et la mort avec une pudeur à peine voilée, sur fond de new wave et de chute du mur de Berlin. Juste un petit bémol... Tout ça va trop vite. Car oui, cette époque et ce thème méritaient un supplément de profondeur et on aurait franchement apprécié que ce roman dure encore... On attend impatiemment le prochain, en espérant qu’il traîne un peu plus en longueur.