Tête chercheuse
Le 11 février 2003
Les premiers pas d’un petit génie du son à la voix d’ange.
- Artiste : Simon, Emilie
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Les premiers pas d’un petit génie du son à la voix d’ange. La recette du mariage parfait entre électronica et pop à la française a-t-elle été enfin mise au grand jour ?
L’automne dernier, l’étrange Désert d’Emilie Simon avait créé une petite sensation autour de cette jeune inconnue de vingt-quatre ans. Cette comptine sensuelle flirtant avec l’abstraction dévoilait une entente parfaite entre instruments acoustiques et électro discrète. Essai confirmé : son premier album offre un peu plus de cette petite voix acidulée qui n’aurait pas dépassé le stade prépubère, pour des plaisirs parfois pas très catholiques. Exemple : une cover de I Wanna Be Your Dog, hymne stoogien à l’auto-soumission sexuelle, très en vogue ces derniers temps (de quoi faire blêmir plus d’une Christine Boutin ou d’une Blandine Kriegel). Mais aussi assez de talent dans l’écriture pour faire mentir ceux qui ne verraient en Emilie Simon qu’une lolita pour bobos un peu pervers, attirés par une pochette dévoilant un corps presque enfantin recouvert de coccinelles géantes.
Quels sont les secrets d’une telle assurance - la chanteuse n’hésite pas à s’associer avec le dandy irlandais Perry Blake, l’une des plus fameuses voix de la pop indépendante, pour un majestueux Graines d’étoiles ? Originaire de Montpellier, Emilie Simon a suivi une formation d’ingénieur du son complétée à l’Ircam, où elle apprend à donner forme à ses trouvailles musicales sans pour autant aller plus loin dans la voie aride de Pierre Boulez. D’où les trésors d’inventivité et la luxuriance sonore de cet album, où des harpes classiques se métamorphosent en koras africaines et où des craquements d’allumettes suffissent à rythmer un titre (Il pleut).
Une telle aisance préserve de l’exercice de style convenu ce premier album en forme de journal intime. A l’exception de quelques plages moins personnelles, comme le portisheadien Secret ou un Flowers qui semble déjà avoir été entendu chez Shivaree, les compositions d’Emilie Simon forment un monde bien clos, où la bizarrerie est le principal canon de beauté. Un peu comme dans le Vespertine de Björk (l’un de ses assistants est venu programmer quelques beats en apnée), dans une version plus conventionnelle mais ne manquant pas de souffle (Dernier lit, Vu d’ici). Une belle réussite là où de méritoires efforts de concilier la pop avec des sonorités plus actuelles (Louise Vertigo, Daho sur Eden ou Autour de Lucie sur Immobile) étaient parfois restés au milieu du gué.
Emilie Simon - Emilie Simon (Barclay)
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