Notre avis : Après avoir fermé ce livre, après avoir quitté Elsa Morante, commence une douce mélancolie. Ce récit de Simonetta Greggio parvient à faire revivre l’écrivaine grâce à une plume romanesque.
Car oui, l’autrice prend ici le parti de raconter la vie d’Elsa Morante comme si elle était l’héroïne d’une fiction, au détriment d’une perspective biographique. Si un tel choix peut surprendre, il se comprend vite à la lecture de l’ouvrage. L’existence d’Elsa Morante est digne d’un roman, et l’auteure à la stature d’une héroïne. De plus, en faisant de cet artiste son personnage principal, Simonetta Greggio s’approprie cette figure de la littérature italienne, la rend proche des lecteurs, plus intime. Comme si elle la désacralisait, afin de la rendre plus accessible.

En effet, Elsa Morante était une femme intimidante, c’est du moins ce qui transparaît souvent dans l’ouvrage. Dès son enfance, et plus tard dans l’adolescence, son physique et son charisme vont impressionner les hommes. Pourtant, elle connaîtra très rapidement l’amour en la personne d’Alberto Moravia, une autre figure importante de la littérature italienne. Après leur mariage, l’avènement de Mussolini, puis la guerre, s’ensuivent l’exil, la privation, la peur d’être déportés, la pauvreté, la faim.. Pourtant, bien que folle amoureuse de Moravia, Elsa Morante vivra une autre grande histoire sentimentale, cette fois avec un réalisateur, Luchino Visconti avec qui elle entretiendra une liaison sadomasochiste.

Bref, Elsa mon amour est un roman qui donne envie de se replonger dans l’oeuvre d’Elsa Morante, mais aussi dans celle de Simonetta Greggio qui parvient, avec une réelle délicatesse, à rendre vie à cette autrice, par le biais de cette biographie en forme d’hommage, presque de déclaration. A cette envie littéraire s’en ajoute une autre, celle de revoir les films des réalisateurs qu’elle a aimés ou simplement rencontrés, tels que Visconti ou Pasolini. On voudrait aussi visionner à nouveau Le Mépris de Jean-Luc Godard, adapté d’un roman de Moravia, qui suscite le désir d’un séjour de quelque jours, sous le soleil de l’Italie, sur les traces d’Elsa et de ses fantômes.