La brune ou la blonde
Le 25 novembre 2011
Conte aux allures de cauchemar insidieux sur fond de lutte des classes ce premier volet de la trilogie Dreileben distille un charme vénéneux et prenant.
- Réalisateur : Christian Petzold
- Acteurs : Luna Mijovic, Jacob Matschenz, Rainer Bock, Vijessna Ferkic, Stefan Kurt
- Genre : Drame
- Nationalité : Allemand
- Durée : 1h30mn
- Titre original : Etwas Besseres als der Tod
- Plus d'informations : http://www.festivalcineallemand.com...
- Festival : Festival du cinéma allemand
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Conte aux allures de cauchemar insidieux sur fond de lutte des classes ce premier volet de la trilogie Dreileben distille un charme vénéneux et prenant.
L’argument : Dans une clinique à la lisière de la forêt de Thuringe , Johannes, objecteur de conscience , rencontre Ana , une jeune femme de chambre bosniaque. Bien que déjà fiancé à Sarah, la fille du médecin chef , il s’engage dans une histoire avec Ana. Au même moment , un condamné pour crime sexuel s’enfuit de l’hôpital et la police organise sans succès une chasse à l’homme dans la forêt. Délaissée finalement par Johannes , Ana tombe sur le criminel en fuite , au fond des bois.
Notre avis : Présenté le vendredi 25 novembre dans le cadre de la Nuit du cinéma allemand au cinéma l’Arlequin, Etwas Besseres als der Tod, qu’on peut traduire par (Il y a toujours) quelque chose de mieux que la mort , est un des volets de la trilogie Dreileben, le projet passionnant de films parallèles qu’ont élaboré Christoph Hochhäusler , Christian Petzold et Dominik Graf, trois cinéastes allemands de générations (1952, 1960, 1972), de parcours et de style bien différents, en tournant dans un même lieu (la petite ville imaginaire de Dreileben dans la forêt de Thuringe) et en fixant des points de jonctions où la cavale et la traque du tueur sur lesquelles se concentre l’épisode de Hochhäusler croisent les intrigues des deux autres volets, obligeant chacun des réalisateurs à intégrer dans son travail des choix de mise en scène déterminés par un autre.
- Dreileben
La vision consécutive des trois films est une expérience des plus stimulantes, mais chacun tient parfaitement la route tout seul, même si le Graf, trop bavard et à la facture passe-partout, n’atteint pas l’intensité des deux autres.
Dans l’épisode Petzold, qui ouvre normalement la série, on retrouve au contraire la rigueur formelle qui caractérise ce cinéaste très doué pour installer avec le minimum d’effets une atmosphère d’inquiétante étrangeté au sein d’un univers en apparence banal.
Evitant soigneusement la psychologie et limitant les dialogues au strict minimum, Petzold s’avère une fois de plus admirable topographe et fait naître une véritable tension en filmant simplement les parcours de ses personnages entre l’hôpital, la chambre, le lac, l’hôtel sous le regard omniprésent d’une forêt de conte à la fois fascinante et secrètement effrayante.
- Jacob Matschenz - Luna Mijovic
Les plans éloignés ou ceux pris par des caméras de surveillance font ressentir de manière très troublante une sensation de danger permanent venant de l’extérieur, de l’autre histoire, celle du tueur dont on sait qu’il peut surgir à tout moment. Mais l’inquiétude vient aussi de l’intérieur, des protagonistes eux mêmes, à commencer par le héros apparemment lisse et que l’on croit bientôt connaître mais dont les gaffes et les revirements inattendus révèlent une face cachée que laissait pourtant présager son indécision et sa propension à se mettre en danger.
On a d’ailleurs plus d’une fois l’impression de se déplacer dans un rêve du jeune homme, sentiment renforcé par les petits blancs du récit et par l’interprétation de Jacob Matschentz, parfait de présence absente.
- Etwas Besseres als der Tod
Les circonstances de la rencontre avec Ana, avec qui il échange d’abord un regard dans une station service (ce qui lui vaut un coup de boule et un saignement de nez conséquent), relèvent ni plus ni moins du cauchemar : s’étant endormi au bord du lac après une baignade il assiste à l’arrivée de la bande de motards qui s’installent juste à côté de l’endroit où il a laissé ses vêtements.
L’association de cet onirisme avec un franc réalisme dans la description du monde du travail (à l’hôpital ou à l’hôtel) et la présence marquée du thème de la lutte des classes (suivre la brune prolétaire à Los Angeles ou la riche bourgeoise blonde à Berlin) fonctionne à merveille et donne à ce premier volet un charme vénéneux et insidieux des plus prenants.
- Luna Mijovic
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