La vie aux trousses
Le 28 février 2006
Brillant, pertinent et drôle à mourir, un roman extravagant qui dresse un portrait en forme de farce de la société américaine.
- Auteur : Percival Everett
- Editeur : Actes Sud
- Genre : Roman & fiction
- Nationalité : Américaine
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Désert américain n’est que le deuxième roman traduit en français de Percival Everett. Mais s’ils sont tous aussi brillant et pertinent que celui-là (qui en plus est drôle à mourir), la douzaine d’autres devraient rapidement se retrouver chez les libraires.
Théodore Larue est un professeur d’université, marié et père de deux enfants. Rien d’exceptionnel dans sa vie. Et lorsque sonne l’heure du bilan pour lui, c’est avec lucidité qu’il prend conscience qu’il penche plutôt du côté des losers : prof médiocre à l’université, pas d’amis, un couple qui bat de l’aile, Ted voit dans le suicide une forme de baroud d’honneur. Oui, mais voilà, même ça, il le rate : il est dépossédé de son ultime de choix. Alors qu’il est en chemin pour le grand saut, un camion le percute, l’envoie s’éclater dans le pare-brise, le décapitant. Il est recousu à la va-vite par un service de pompes funèbres et direction l’église pour un dernier hommage hypocrite. Mais à la stupeur de l’assemblée, le mort se redresse brutalement dans son cercueil. Premier surpris par son état, il regagne malgré tout le domicile conjugal avant que ne s’entame une suite ininterrompue d’aventures rocambolesques. Harcelé par les médias en quête de sensationnel, kidnappé par une secte qui voit en lui un messager du diable alors que d’autres se prosternent devant ce nouveau messie, Ted Larue voit là l’occasion de se remettre profondément en cause et de s’interroger sur le sens de la vie en général.
Dès la première ligne, le ton est donné. Percival Everett a opté pour le loufoque, le grotesque dans sa plus belle absurdité. Et c’est vrai que l’on rit franchement de toutes ses horreurs. Qu’il s’agisse du point de départ de l’histoire, des hurluberlus et autres illuminés qui croisent sa route ou des rebondissements plus farfelus les uns que les autres, Percival Everett n’y va pas avec le dos de la cuillère. Désert américain est un roman désopilant et totalement incongru dans le paysage de la littérature américaine contemporaine.
Mais, il n’est pas que ça. Au-delà du récit extravagant de ce héros ni mort ni vivant, Everett dresse un portrait plutôt juste d’une société américaine en débandade, prise entre les feux des médias, des politiques et des religieux. Ce faisant, il renoue avec la tradition de la farce qui s’appuie sur les situations les plus délirantes pour pointer du doigt les travers du monde dans lequel on vit.
Percival Everett, Désert américain (American desert, traduit de l’américain par Anne-Laure Tissut), Actes Sud, 2006, 319 pages, 22 €
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