Définitivement Belmondo - la critique du livre

Notre avis : Si l’expression "livre définitif" paraît tout à la fois prétentieuse et galvaudée, force est de constater qu’on y pense bien volontiers, une fois l’ouvrage refermé. Voilà un travail globalement remarquable qui, loin de céder au discours hagiographique, tout en ne cachant pas une admiration pour l’acteur, procède d’une intention journalistique, donc factuelle. Son credo ? De l’info, rien que de l’info. Sur quoi ? Les courts-métrages, les longs-métrages, les pièces de théâtre, les téléfilms, tout ce que Belmondo a joué se trouve dans ces pages, et c’est passionnant : secrets de tournage, réception critique des œuvres, partenaires de jeu sont évoqués, mis en perspective. Le grand Bébel témoigne lui-même de ces expériences cinématographiques vécues, mais son propos s’intègre à une évocation plus générale des créations artistiques, auxquelles l’aura de la star ne fait jamais d’ombre. Surtout que notre icône n’a pas toujours été vedette : contrairement à ce qu’une légende tenace continue de faire croire, Belmondo a déjà quelques films à son compteur lorsque le fulgurant A bout de souffle sort sur les écrans. La carrière du vibrionnant artiste, ce sont des films et bien sûr des pièces de théâtre, puisqu’il fit le Conservatoire, avant d’enchaîner les représentations et de revenir sur les planches avec Kean, après une interruption de plusieurs décennies.

Le livre nous rappelle donc que le mythe de l’acteur commence sur les planches : on sait qu’au Conservatoire, sa décontraction et son indéniable charisme divisèrent : Pierre Dux dut certainement manger son chapeau, qui lui déconseilla de songer à une carrière de séducteur sur grand écran. A ces fâcheux comme au jury du concours de sortie, le comédien fit un bras d’honneur et mena sa carrière comme il l’entendit : alternant d’abord films commerciaux et œuvres plus confidentielles, puis, après l’échec de Stavisky, choisissant des longs métrages stéréotypés, indéniablement faciles, mais rentables. Ce Belmondo body-buildé ne retrouva jamais la grâce insolente de ses débuts. Et si l’on ne peut pas dire que le peut-être surestimé film de Lelouch, Itinéraire d’un enfant gâté, ait vraiment arrangé le tableau, il valut un César à son acteur principal.
La deuxième partie de l’ouvrage se présente comme un abécédaire plutôt classique et fourre-tout : de l’entrée "Admirations" à "Nathalie Tardivel", sont déclinés les grands événements d’une vie, les centres d’intérêts de la star, sont convoqués amis, femmes aimées, partenaires de plateau, membres de la famille. On le lit comme on feuilletterait un album un peu jauni, d’une manière un peu plus distraite, en regrettant que depuis trop d’années Belmondo ait davantage fait la "une" de la presse people que des Cahiers du Cinéma.

Belmondo et les affiches de cinéma