Dead cities, red seas and lost ghosts

M83 est une galaxie lointaine à la frontière du néant. Naviguant dans un univers glacial, obscur et angoissant, le jeune duo français vient nous livrer avec Dead Cities... son Space Odyssey personnel. Anthony Gonzalez et Nicolas Fromageau, qui ont enregistré pendant l’automne 2002 dans leur fief du sud de la France, ont une facilité déconcertante pour trouver la bonne mélodie, l’arrangement juste et la mise en abîme essentielle à leur musique.

Ces deux jeunes créateurs n’ont pas peur de prendre des risques. En s’appuyant sur des influences multiples (les Floyd, My Bloody Valentine, Tangerine Dream...) ils arrivent à dynamiter leur musique. Les sonorités des synthés très 80’s viennent se percuter à des beats construits sur le mode de l’abstract hip-hop et de la syncope. L’utilisation des machines se fait de manière intelligente en fondant leurs sonorités avec celles des instruments acoustiques. Ce tout donnant un sentiment de plénitude, tout en évitant soigneusement l’indigestion sonore.

Et c’est là leur plus grande force. En alternant montés hypnotiques et ample période de respiration, Gonzalez et Fromageau permettent à l’auditeur de reprendre son souffle une fois les périodes de delirium tremens passées. Grande nappe de clavier, ajout judicieux de cordes, voix trafiquées au vocoder donnent vie à des morceaux "cinématographiques" dans la veine des compositions d’Angelo Badalamenti.

Entouré par de nombreux artistes issus du label Gooom et de Nicolas Barlet, leur ingénieur du son attitré, M83, vient de réussir un joli pari. Tout en renouvelant sa musique, le groupe a donné naissance à un album complexe, qui possède de multiples clés de lecture et qui navigue dans un univers sonore mystérieux et surprenant. Sans pour autant perdre la fraîcheur et l’insouciance de son premier album. Un conseil, laissez-vous porter par le tourbillon hypnotique.