Le 9 décembre 2016
Pied de nez à l’encontre de sa notoriété, Nekfeu lâche son nouvel album sans aucun teasing, dans le plus grand des calmes. Un sacré coup de communication pour un album bien meilleur que Feu. Une surprise à tous les niveaux.
- Date de sortie : 9 décembre 2016
Notre avis : 1er Décembre 2016. Nekfeu donne le dernier concert de son Feu Tour à Bercy, un événement en lui-même vu le peu de rappeurs à avoir eu cette chance de performer sur cette scène. Mais comme si cela ne suffisait pas, voilà que le MC, par le biais d’un sms envoyé à chaque membre du public, balance la grosse nouvelle : Son nouvel album s’appelle Cyborg, et il sort dès demain en streaming et sur toutes les plate-formes d’écoutes (le 9 Décembre en physique). Énorme coup médiatique de la part du rappeur parisien. Les raisons de ce choix demeurent floues, mais qu’importe, c’est la qualité de ce nouveau disque que l’on doit juger, pas sa promotion (ou son absence de promotion dans ce cas-ci, qui elle-même peut finalement être vu comme une forme de promotion... Bref.). Dans ces termes, force est d’admettre que la surprise de Nekfeu n’est pas que marketing.
Plus personnel et moins orienté pop commerciale (de babtou fragile, un peu, quand même) que Feu, le premier essai du fennec, sorti l’année dernière avec l’énorme couverture médiatique qu’on lui connaît, Cyborg est à considérer comme son contre-pied à bien des égards, ou au moins comme un consensus, non sans faux pas, dont l’homogénéité le place comme l’un des meilleurs albums de rap de 2016 musicalement parlant. Fidèle à la personnalité calme, presque spirituelle, de Nekfeu (on ne le connaît pas personnellement, mais on a bien envie d’être son pote), ce deuxième disque solo brille par sa cohésion remarquable entre le propos de son rappeur et les sonorités très détachées, complètement planantes, sur lesquelles il pose. La peur de l’oubli de soi, de la déshumanisation face à la notoriété grandissante, la superficialité inondant les réseaux sociaux comme nouveau mode de vie pour une existence paradoxale (l’excellent Réalité Augmentée), voilà ce qui obsède Nekfeu, justification (bien qu’il n’en ait pas besoin) de son ouverture à son public, comme un témoignage lui étant destiné pour lui rappeler son passé, ce qui le définit.
C’est donc dans cet esprit que se calque Cyborg dans sa musicalité. Objet de défonce aussi efficace qu’un joint de skunk (la drogue, c’est mal), les effets secondaires en moins, ce second album, d’une étrange placidité (même quand Nekfeu et ses invités s’énervent), s’attache à cette angoisse de l’Humanoïde par des productions envolées et détachées, fumées par un rappeur multipliant les assonances au point d’en distinguer parfois difficilement leur sens (on reste plus ébahi par la forme que par le fond), quand il y’en a. En jouant à ce point sur les sonorités et la richesse de la langue française, Nekfeu en oublie un peu (beaucoup ?) la construction de ses textes, en particulier dans les featurings, pas toujours intéressant (voire pas du tout, salut Saturne). Mais devant la technique du flow, posé, puis rageux, puis ultra-rapide, puis tourmenté, puis « je rappe comme si je m’en foutais » (y a pas de terme existant pour ça), le fennec emporte son auditeur vers une autre planète, complètement déconnecté de son environnement, le regard vitreux style pochette de Because the Internet, l’esprit absorbé par l’harmonie entre la voix d’un MC sachant tout faire et des productions symboliquement pertinentes en plus d’être rythmiquement hallucinantes. Un puissant ailleurs.
- Copyright : Matthieu Alexandre / AFP
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Vanessa 10 décembre 2016
Cyborg : Nekfeu et son joli coup de poker
Comment ça ? Saturne un feat inintéressant ? Non pas d’accord. Ok c’est lisse plus lisse que la plupart des autres sons, à la limite qui correspondrait plus à l’identité de Feu mais de là à dire que c’ est inintéressant .... Heuresement qu’il y a des sons comme celui ci dans l’album, c’est ce qui en fait sa richesse.
Maëlig Bois 10 décembre 2016
Cyborg : Nekfeu et son joli coup de poker
En l’occurrence le côté inintéressant de la chose se portait surtout sur les paroles, très limitées, et la cohérence lyricale du morceau. En terme d’ambiance cela s’inscrit dans l’album, mais le contenu ne passe pas.