Conversaciones con Mamá

Des conversations à géométrie variable pour creuser le sens de la vie et des priorités. Un bonheur !

L’argument : Mamá a 82 ans, son fils Jaime, 55. Ils vivent chacun dans des mondes très différents. Jaime est marié, il a deux enfants, une jolie maison, deux voitures et s’occupe de sa belle-mère. Mamá se débrouille toute seule et supporte sa vieillesse avec dignité dans un appartement que lui prête son fils. Mais un jour, survient ce que personne dans la famille n’aurait pu imaginer : Jaime est licencié. Obligé de réviser son train de vie, Jaime n’a pas d’autre alternative que de vendre l’appartement. Quand Jaime va voir sa mère pour lui annoncer la nouvelle, il ne s’attend pas à ce qu’elle lui fasse aussi quelques révélations...

Notre avis : Une mère et son fils dans la confusion des sentiments et des souvenirs. Des conversations qui prennent corps au bout de malentendus entérinés par la vie et les autres, une épouse accrochée à son statut social, une belle-mère autoritaire, bien peu d’amour.
La puissance de ces conversations vient du temps qu’elles prennent à se mettre en place, à tomber le masque de deux monologues pour finir par se rejoindre. Jaime est à la dérive. Licencié, acculé financièrement, harcelé par une femme qui ne veut rien perdre de son existence lisse et plate, il se laisse peu à peu prendre au jeu de la vérité et du mensonge, avec une mère fantasque, résolue, étouffante, mais qui, du haut de ses 82 ans, vit intensément une vie que lui ne fait qu’effleurer. Alors, chacun va parler de soi, sans écouter, sans répondre, avant de s’apercevoir que les mots de l’autre sont finalement les leurs, et que, derrière l’apparence, l’image que l’on donne, il y a la réalité des êtres et que c’est la seule chose importante. Mamá écoute ce qu’elle a envie d’écouter, dit ce qui lui plaît de dire, et de provocations en tendresse, aborde, sans avoir l’air d’y toucher, des non-dits qui rongent son fils depuis l’enfance. Mais on n’est pas non plus dans le règlement de comptes. Jaime ouvre les yeux pour se réconcilier avec lui-même et son histoire familiale, pour rendre à sa vie l’émotion et les sentiments qu’il avait depuis longtemps oubliés. Alors peu importe si sa fille préfère être actrice plutôt qu’architecte, et si son fils a moins de talents pour la finance que pour le tango. Et comme le dit Mamá, des choses qui sont graves pour toi peuvent paraître des bêtises pour quelqu’un d’autre.
Santiago Carlos Oves l’a bien compris. Le cinéma est là pour ça : mettre nos vies sur l’écran, et nous en faire sourire.