Les possédés
Le 14 juillet 2010
Le régime de Ceausescu à travers des légendes urbaines drôles et pamphlétaires.


- Réalisateurs : Cristian Mungiu - Constantin Popescu - Razvan Marculescu - Hanno Hoffer - Ioana Uricaru
- Acteurs : Diana Cavaliotti, Ana Ularu, Valentin Popescu, Dan Burghelea
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Roumain
- Distributeur : Le Pacte
- Durée : 1h28mn
- Titre original : Aminitri din epoca de aur
- Date de sortie : 14 juillet 2010
- Festival : Festival de Cannes 2009

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Résumé : Les quinzaine dernières années du régime de Ceausescu ont été les pires de l’histoire de la Roumanie. Et pourtant, la propagande officielle de cette époque l’avait nommée « l’âge d’or »... CONTES DE L’AGE D’OR est l’adaptation à l’écran des « légendes urbaines » les plus connues. Elles sont à la fois comiques, étranges, émouvantes et puisent leur inspiration dans un quotidien souvent surréaliste, quand l’humour était le seul moyen de survie de tout un peuple. CONTES DE L’AGE D’OR restitue l’atmosphère de l’époque et dresse à petites touches, le portrait d’un pays soumis à la logique perverse d’une dictature. Pour payer les soins de sa mère malade, une jeune fille part sur les routes avec son dindon qu’elle doit sacrifier. Quand un chauffeur livreur décida, pour la première fois de sa carrière, d’ouvrir son camion scellé, il découvrit ainsi le lien entre les œufs, Pâques et l’amour conjugal... Dans la Roumanie des années 80, Bughi et Crina jouaient les Bonnie and Clyde, en collectant des bouteilles d’air...
Critique : Ce deuxième volet des Contes de l’âge d’or se situe dans l’exacte lignée du premier. On y retrouve exactement le même esprit espiègle et critique envers le régime communiste de Ceausescu, présenté à travers le prisme de légendes urbaines. Mettant en œuvre toujours plus de stratagèmes pour contourner les fermes règlementations du gouvernement en place, les personnages de ces récits surprennent par leur inventivité et leur volonté de ne pas se laisser abattre par la difficulté. Leurs solutions ne sont pas sans bizarrerie mais ne tiennent pas le haut du pavé face à l’absurdité des interdictions quotidiennes dont ils sont les victimes.
- © Le Pacte
Cette seconde partie propose trois segments : « La fille au dindon », « La légende du livreur de poules », et « La légende des marchands d’air ». Des trois, on retiendra surtout ce dernier ; il se révèle particulièrement cocasse par l’audace de ses protagonistes qui se font passer pour des collecteurs d’air pollué, afin de récupérer des bouteilles et pouvoir les revendre.
La précarité de la population roumaine pendant le régime dictatorial du pays constitue le thème principal de ce nouvel opus des Contes de l’âge d’or. Tous les personnages connaissent de grandes difficultés pour subvenir à leurs besoins ; leur imagination pour contourner les règles constitue leur survie et leur salut. Mais ils ne sont pas à l’abri de la répression. C’est ce que démontrent ces récits. Dans cette insécurité ambiante, chaque geste, chaque attention deviennent pour ces individus un cadeau qu’il s’agit d’apprécier car il est possible qu’ils soient prochainement arrêtés et condamnés à de lourdes peines de prison pour de menues fraudes.
Dans ces conditions, l’humour devient une nécessité afin que chacun puisse se détacher de son morne quotidien. On retrouve dans ces trois petites œuvres l’esprit d’Emir Kusturica, notamment celui de La vie est un miracle, où le rire permet d’évacuer un peu la misère des héros empêtrés dans des situations aberrantes.
Au final, Les Contes de l’âge d’or constitue un joyeux pamphlet contestataire, reflet d’une tranche de l’Histoire de Roumanie, dont les cinéastes se font, avec beaucoup de tonus, les témoins vivants.
- © Le Pacte