Le 12 août 2023
Un sommet du cinéma de Dino Risi, captivant portrait des rapports entre un père et son fils, sur fond de troubles des Années de plomb.
- Réalisateur : Dino Risi
- Acteurs : Aurore Clément, Vittorio Gassman, Julien Guiomar, Clara Colosimo, Stefano Madia, Andrée Lachapelle
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français, Canadien, Italien
- Distributeur : Les Acacias, AMLF Distribution
- Durée : 1h45mn
- Reprise: 23 août 2023
- Titre original : Caro papà
- Date de sortie : 19 septembre 1979
- Festival : Festival de Cannes 1979
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– Reprise en version restaurée : 23 août 2023
Résumé : Albino Millozza, ancien résistant et homme de gauche, est devenu un important homme d’affaires romain. Fort occupé, il néglige sa famille et vit des relations tendues avec son fils aîné Marco. Un jour, Albino trouve le journal intime de son fils où des annotations politiques ne laissent aucun doute sur son appartenance à un groupe terroriste. Quelques jours plus tard, consultant à nouveau le journal, il découvre qu’un attentat se prépare contre un certain « P »…
Critique : Coécrit avec Bernardino Zapponi et Marco Risi, fils du réalisateur, Cher papa a vu le jour dans le contexte d’apogée des Années de plomb. L’assassinat d’Aldo Moro par les Brigades rouges, traumatisme pour la société italienne, semble implicitement évoqué dans ce récit d’un industriel découvrant que son fils a des liens avec une organisation d’extrême gauche. Pourtant, Dino Risi n’est pas un cinéaste explicitement politique, comme a pu l’être un Francesco Rosi (Cadavres exquis). Ses films, avec sans cadre historique, ont pourtant souvent traité des conflits avec l’autorité, du pouvoir arbitraire et des engagements ambigus, de La marche sur Rome au Fou de guerre en passant par Au nom du peuple italien. Et comme Monicelli ou Scola, le cinéaste aborde souvent des problèmes graves en utilisant le genre de la comédie comme cheval de Troie. Car on rit souvent dans la première partie de Cher papa, de par la personnalité d’Albino Millozza, industriel quinquagénaire et pressé, aussi exubérant, volubile et dragueur que Le fanfaron, maniant l’humour noir comme l’aveugle de Parfum de femme, personnages auxquels Vittorio Gassman prêtait déjà sa puissance histrionique.
- CHER PAPA © 1979 - DEAN FILM - PATHE FILMS - SOCIETE NOUVELLE CINEVOG - LES FILMS PROSPEC
Vivant dans une villa cossue, Albino est la fois paternaliste et méprisant avec son couple de domestiques africains. Ses affaires sont plutôt florissantes, quitte à s’accommoder d’un zeste de corruption, avec la complicité de son associé (Julien Guiomar). Et sur le plan affectif, il a trouvé un arrangement avec son épouse (Andrée Lachapelle) et sa maîtresse (Aurore Clément). La première vit en Suisse avec une solide pension, quand la seconde bénéficie de sa générosité matérielle à Rome. Mais son entreprise subit les critiques des ennemis de la société capitaliste, et ses problèmes personnels sont manifestes quand il réalise que communication avec ses trois enfants est difficile. Le plus petit vit avec sa mère qui ne veut plus qu’il parle italien, et sa fille, internée, lui crache littéralement au visage. Quant à Marco qu’il n’a pas vu grandir, il éprouve un certain mépris pour ce père qui ne correspond pas à son idéal.
- CHER PAPA © 1979 - DEAN FILM - PATHE FILMS - SOCIETE NOUVELLE CINEVOG - LES FILMS PROSPEC
Cher papa passe avec bonheur de la légèreté à la mélancolie, du comique de situation (un travesti anglais qui débarque inopinément au moment où il compte coucher avec une jeune femme) à la tension dramatique, du divertissement à la tragédie. « Superficiellement superficiel », comme aurait dit Max Ophüls, Marco va prendre conscience du vide de son existence mais aussi des utopies de la génération montante, tandis que le fils passe de la politesse introvertie à la rébellion, de la compromission à la trahison, puis à la pureté. Car Cher papa est aussi et surtout un beau portait de relation filiale, culminant dans un final bouleversant. Présenté en compétition officielle au Festival de Cannes 1979, le film fut récompensé par le biais du jeune Stefano Madia, qui reçut le prix du meilleur second rôle. Il connut un succès important en Italie, mais moindre en France. Il est désormais temps de le redécouvrir. Cela est possible grâce au distributeur Les Acacias qui le ressort en version restaurée, en même temps que le méconnu Fantôme d’amour.
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