Le 2 février 2025
Ils sont lâches, corrompus, menteurs, égoïstes, malhonnêtes. Ils sont la preuve vivante que notre monde est cruel et abominable...


- Réalisateur : Dino Risi
- Acteurs : Vittorio Gassman, Ugo Tognazzi, Michèle Mercier, Marino Masé, Lando Buzzanca, Marisa Merlini, Jacques Herlin, Mario Brega, Rosemary Dexter, Angela Portaluri
- Genre : Comédie, Noir et blanc
- Nationalité : Italien
- Distributeur : Splendor Films , L.C.J. Éditions et Productions, Dicifrance
- Date télé : 5 mai 2021 21:17
- Chaîne : C8
- Reprise: 19 juin 2019
- Titre original : I mostri
- Date de sortie : 27 mai 1964

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Résumé : Dix-neuf sketches, souvent féroces, sur les petites bassesses de tous les jours des années 1960, interprétés avec vigueur par Vittorio Gassman et Ugo Tognazzi.
Critique : Au tournant de la fin des années 50 et du début des années 60, l’Italie a cessé d’être un pays à économie essentiellement agricole et a entamé le processus d’industrialisation qui, en une décennie, mena au prétendu boom économique. La structure sociale du pays commence à se transformer très rapidement, avec l’élargissement fondamental de la classe ouvrière et le développement de nouveaux secteurs économiques. En un sens, c’est vraiment au cours de ces années que la société italienne actuelle a vu le jour. Revoir aujourd’hui Les monstres, ce film satirique de Dino Risi, réveille notre curiosité envers cette société désormais lointaine, mais qui reste dans ses traits les plus marquants d’une actualité étonnante et même sidérante.
Sorti en salles en 1963, Les monstres est un film à épisodes de durées très variables (certains sont si courts qu’ils durent moins d’une minute) et explore la société italienne du moment, avec une lucidité hors pair. Le ton utilisé par Risi à travers les épisodes est celui de la comédie à l’italienne, mélangeant à la fois le comique, le grotesque et le drame. Pensons au premier épisode qui illustre l’un des principaux clichés sur les Italiens, la ruse, ici traitée non pas comme l’effet d’une attitude malveillante, mais plutôt comme la sublimation de l’art de la débrouille, dans laquelle l’Italien excelle. Ainsi, d’épisode en épisode sont examinées avec la même ironie tous les trivialités propres à la société italienne ; Risi se concentre sur le caractère narcotique de la télévision et la poursuite des mythes modernes du consumérisme, dont l’icône par excellence est naturellement l’automobile.
Ugo Tognazzi et Vittorio Gassman sont les maîtres de cet incroyable tourbillon de figures grotesques, une galerie de "masques" qu’ils incarnent, pour esquisser la société de leur époque. Ces deux icônes du cinéma italien sont ici au sommet de leur talent et se montrent capables de passer, avec une extrême facilité, entre les personnages les plus variés et les plus antithétiques.
Dans la version remarquablement restaurée par la Cinémathèque de Bologne, des fragments de deux épisodes inédites ont été insérés. Un petit plus, qui enrichit cette version et donne une raison de plus de découvrir à nouveau cette pierre angulaire de la comédie à l’italienne
Au final, ce qui est vraiment dérangeant en visionnant ce film en 2019, c’est de constater à quel point les défauts décrits par Risi restent des vices endémiques et typiques de la société italienne. Dino Risi prophète ? Il semblerait que oui.