Une vie difficile - Dino Risi - critique

Critique : Avec l’histoire de cet idéaliste égoïste et un peu naïf, Dino Risi brosse, mine de rien, un portrait de l’Italie durant les vingt années de l’immédiat après-guerre. Magnozzi s’est payé du bon temps avec la timide et ingénue Elena avant de partir sans se retourner. Ce sera un hasard de sa vie professionnelle qui le ramènera du côté du lac de Côme pour couvrir un fait divers. Voulant faire le malin auprès de son collègue, il va retrouver Elena, qui non seulement ne l’a pas oublié, mais fera sa valise pour partir à Rome avec lui. Sauf que Magnozzi n’est pas le grand journaliste qu’il prétendait être, il vivote dans un appartement miteux, car en raison de ses idées radicales, il ne progresse pas dans son métier.
Le récit enchaîne les scènes marquantes qui donnent l’impression angoissante que Magnozzi, souvent grotesque, court petit à petit à sa perte :
le jour du référendum de 1946 où les italiens doivent choisir entre la Royauté et la République, le couple affamé se fait éconduire des restaurants où il a déjà une belle ardoise,
le même soir, toujours tenaillés par la faim, ils se retrouvent par hasard à la table de royalistes convaincus, qui eux vont chipoter dans les plats,
Poussé par sa belle-mère et par Elena devenue son épouse avec qui il a un enfant, Magnozzi, après avoir fait de la prison pour avoir participé à une manifestation, va devoir passer un concours administratif devant un jury où il va être humilié par son manque de connaissances...

A chaque fois, le pauvre Magnozzi va aller de déconvenues en déconvenues. Alberto Sordi en donne une interprétation éblouissante. Clown triste malgré lui, il semble toujours subir les événements avec ses grands yeux étonnés.

Aigre-doux comme à son habitude, Dino Risi donne une image terrible de son pays avec l’histoire singulière de ce perdant pathétique dans ce qui est probablement l’un de ses meilleurs films.