Debout !...
Le 20 juin 2006
Dans un court essai, l’auteur du Testament français rappelle son attachement à un pays qui ne se ressemble plus.
- Auteur : Andreï Makine
- Editeur : Flammarion
- Genre : Roman & fiction
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Dans un court essai, l’auteur du Testament français rappelle son attachement à un pays qui ne se ressemble plus.
Un pays en perte de vitesse, presque à l’arrêt. Où l’on ne pense plus, ou si peu. Mais où l’on ne débat plus. Un pays comme les autres, soumis à "l’égalisation par le bas que dicte le mondialisme". Un pays où l’on peut ressentir ceci : "Dehors le bruit et la puanteur du nœud coulant d’un embouteillage qui se resserre autour de l’église, des visages hargneux, l’abrutissant cognement de la techno, des chauffeurs qui se défient, et plus loin, dans la rue du village, l’extrême laideur de la foule engourdie par la chaleur, par la promiscuité recherchée, le vacarme."
Ce pays ? La France, dont Andreï Makine a fait depuis près de vingt ans sa terre d’adoption. Cette France qui, dans le roman ayant rendu célèbre l’auteur russe (Le testament français, prix Goncourt et Médicis ex aequo), s’élevait telle une Atlantide portée par "cette liberté avec laquelle la pensée abordait l’homme, la cité et l’Histoire". Une "furie intellectuelle" qui, aujourd’hui, a laissé "la place aux prudentes approches de déminages", le "Français pensant" ayant bardé son intelligence de protections pour se faufiler entre les interdits.
La pensée unique, voilà l’ennemi !, lance Andreï Makine dans ce bref essai où l’on retrouve l’amour d’un pays ("Je n’écrirais pas ce livre si je ne croyais pas profondément à la vitalité de la France, à son avenir, à la capacité des Français de dire « assez ! »") et l’élégance de la langue de l’auteur de La femme qui attendait. Lequel agrémente son livre de passages savoureux, tels la description de l’art de servir le champagne "à la française" ou le portrait de l’intellectuel-girouette parisien. Et le genre se prêtant aux raccourcis, on apprécie celui-ci : dix millions de personnes devant Loft story...
Difficile toutefois de partager entièrement la réflexion de l’écrivain, engagée dans le silence d’une petite église de village. Surtout lorsqu’il s’adresse au prochain président de la République (tant pis pour Ségolène) pour lui demander de ne se soucier que d’une chose : le sort de la veuve d’un homme tabassé à mort en plein jour dans l’indifférence de la France aujourd’hui. Oubliez, dit-il, les enjeux économiques ou la construction européenne et ne vous consacrez qu’à combattre la violence. Sans doute y a-t-il pourtant beaucoup de ceux-là dans les raisons de celle-ci...
Andreï Makine, Cette France qu’on oublie d’aimer, éd. Flammarion, coll. "Café Voltaire", 2006, 110 pages, 12 €
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