Le 5 mars 2023
Ce roman, fiction mystérieuse, emporte ailleurs, aux sons des mots de François Emmanuel. Le texte ciselé résonne comme un chant d’oiseau. Et il nous offre le plaisir de découvrir une galerie de personnages intrigants, aux paroles étonnantes.


- Auteur : François Emmanuel
- Editeur : Les Impressions Nouvelles
- Genre : Roman
- Nationalité : Belge
- Date de sortie : 3 février 2023
- Plus d'informations : site de l’éditeur

L'a lu
Veut le lire
Résumé : L’ouvrage démarre sur Léo, assis à son bureau et écoutant vaguement son collègue, Charlie Mutzinger, lui parler encore et toujours de sujets qu’il ne saisit pas vraiment. Et pourtant, il l’aime bien, ce Charlie. Mais Mutzinger part à la retraite. C’est en passant lui rendre visite après le travail que Léo, qui nous raconte cette histoire, va entrer dans un monde d’oiseaux, de personnages étranges, d’amour, de colère et de disparition...
critique : François Emmanuel nous entraîne dans un monde proche du nôtre, à travers une sorte d’entreprise à la Kafka, où la logique échappe à notre compréhension. En parallèle, il y a un univers curieux où les oiseaux, le ciel ont une importance, et qui suscite plein de questions, autant pour Charlie que pour nous. Léo y met un pied grâce aux paroles de son collègue et seul ami. Car les mots de François Emmanuel sont sonores. Ils nous parlent. Ils créent des chants, des litanies, des harmonies, une langue nouvelle qui sonne aux oreilles, même si, parfois, on peut en doute.
L’histoire, découpée en huit mouvements composés de courts chapitres, nous happe irrémédiablement. On peut, en portant une attention particulière, y retrouver les codes du polar, avec un mort, une enquête, une femme mystérieuse, mais qu’importe.
Car ce n’est pas l’investigation policière qui compte le plus, c’est le voyage – ou plutôt les voyages - de Léo, l’errance dans la ville, le chemin que lui proposent les oiseleurs qu’il croise, la plongée dans le cœur de Jara. Autant de voies qu’il emprunte, le mènent bers l’inconnu qui contraste avec la routine écrasante du travail.
Le quatrième de couverture nous annonce "un de ces grands romans dits d’été". En fait, Le cercle des oiseleurs est plus vaste que cela, c’est un récit de saison. On peut le lire à n’importe quelle moment, il sera toujours de circonstance. Car peu importe le temps : quand on entre dans l’histoire, on n’aura pas envie d’en ressortir avant la fin.
Les dialogues emmènent toujours dans une direction inattendue, mais qui finit par prendre un sens. En vérité, le livre se présente comme un art délicat, savamment maîtrisé par François Emmanuel, qui crée beaucoup de plaisir.
Et puis, il y a ce travail de mise en page, ces effets légers qui ajoutent au style du roman. C’est une partie sur laquelle on ne peut trop s’étendre sous peine d’en dire plus qu’il ne faudrait. Toutefois, un lecteur attentif notera la présentation des dialogues, oscillant entre style direct et indirect, ainsi que l’absence des classiques tirets en amorce de chaque réplique, ce qui constitue une insolite bouffée d’air.
Le cercle des oiseleurs est un livre vivant, animé par des personnages envoûtants, une intrigue délétère que porte la magie des mots. Le texte se déploie à partir des pensées de Léo, parfois confuses, parfois diffuses, face à un monde oppressant qui le repousse de plus en plus, alors qu’il en découvre un autre dont la clé lui échappe.
304 pages- 20€