Tous à l’eau !
Le 20 juillet 2024
La magnifique bande de pieds nickelés formée par Amalric, Poelvoorde, Canet et Katerine, ne fait pas que s’imposer comme un nouveau parangon du charme viril, c’est aussi la dream team sur laquelle on peut compter dynamiter la comédie franchouillarde.
- Réalisateur : Gilles Lellouche
- Acteurs : Jean-Hugues Anglade , Guillaume Canet, Benoît Poelvoorde, Mélanie Doutey, Marina Foïs, Jonathan Zaccaï, Mathieu Amalric, Leïla Bekhti, Claire Nadeau, Philippe Katerine, Virginie Efira, Alban Ivanov, Félix Moati, Noée Abita, Balasingham Thamilchelvan
- Genre : Comédie, Film de sport, Comédie noire
- Nationalité : Français
- Distributeur : Universal - StudioCanal
- Durée : 2h02mn
- Date télé : 20 juillet 2024 20:50
- Chaîne : Ciné+ Premier
- Date de sortie : 24 octobre 2018
- Festival : Festival de Cannes 2018
Résumé : C’est dans les couloirs de leur piscine municipale que Bertrand, Marcus, Simon, Laurent, Thierry et les autres s’entraînent sous l’autorité toute relative de Delphine, ancienne gloire des bassins. Ensemble, ils se sentent libres et utiles. Ils vont mettre toute leur énergie dans une discipline jusque-là propriété de la gent féminine : la natation synchronisée. Alors, oui c’est une idée plutôt bizarre, mais ce défi leur permettra de trouver un sens à leur vie...
Critique : Les quelques mois qui ont précédé ce Festival de Cannes en étaient arrivé à nous faire perdre foi dans la capacité du cinéma français à nous offrir des comédies écrites avec soin. La déchéance intellectuelle dans laquelle le genre s’était effondré, nous faisant enchaîner, semaine après semaine, Gaston Lagaffe, Les Municipaux, ces héros ou encore Abdel et la comtesse, pour ne citer qu’eux, était sur le point de nous faire penser que « finalement Dany Boon, ce n’est pas si mal ». C’est toujours dans de tels moments de crise artistique que surgit la bonne surprise qui nous redonne espoir.
Lorsque le nom de Gilles Lellouche fut cité, en tant que réalisateur, à l’annonce de la programmation de la Sélection Officielle du Festival, fut une surprise mais sans que l’on y voit pour autant cet espoir de remonter la comédie française vers de nouveaux cieux. L’acteur, qui –comme beaucoup d’autres– a commencé sa carrière dans des comédies oubliables avant d’accumuler des films dits « sérieux » sans jamais réussir à les sublimer à la seule force de ses interprétations, avait dès le début des velléités de réalisateur. Son Narco, en 2004 (en coréalisation avec Tristan Aurouet) ne proposait, malgré le beau casting qu’il réussissait déjà, pas grand-chose d’autre que le recyclage d’effets de mise en scène en vogue à l’époque. Il lui aura donc fallu quatorze ans pour retenter sa chance. Le temps de mûrir une bonne idée de départ et la transformer en film inventif.
- Photo : Mika Cotellon - (C) 2018 Chi-fou-mi - Productions et Trésor Films.
Son ouverture onirique peut s’assimiler à du Michel Gondry tandis que l’exploitation de ses nombreux acteurs selon un schéma choral semble empruntée à Nakache et Toledano. Mais ses quelques emprunts stylistiques ne font en rien perdre à la fougue dont Gilles Lellouche fait preuve en imaginant ses personnages comme autant de ces losers magnifiques dont on sait qu’ils font le sel des comédies les plus mordantes. Et voir Mathieu Amalric en quadra dépressif est assurément la première bonne idée du film, il faut dire qu’on a peu l’habitude de le voir dans un tel rôle. Philippe Katerine ou encore Benoît Poelvoorde dans la peau de pareils énergumènes hauts en couleur sont certes des choix de casting moins singuliers mais néanmoins judicieux dans leur capacité à les rendre purement délirants. En revanche, retrouver Guillaume Canet et Jean-Hugues Anglade dans cette bande de bras cassés est plus surprenant, mais finalement toujours aussi cohérent.
- Photo : Mika Cotellon - (C) 2018 Chi-fou-mi - Productions et Trésor Films.
Sans rechercher la moindre fulgurance en terme de mise en scène, Lellouche parvient à assurer une réalisation à l’esthétique soignée, qui sait participer à la réussite de certains effets comiques. C’est particulièrement le cas lors de l’excellente scène de vol de maillots de bain (une parodie de film de cambriolage, assurément le passage le plus drôle du film) mais aussi et surtout celles de nage synchronisée dont il parvient à parfaitement capter les chorégraphies. C’est de ce mélange de malice et de virtuosité avec laquelle il filme ces personnages, croqués comme autant de dégénérescences de notre société contemporaine (et dont on regrette que certains soient sous-exploités), que naît la réussite de Gilles Lellouche, comédie des plus sympathiques.
En allant plus loin, voir toutes ces victimes du déclin de la classe moyenne est justement une parabole de l’état de la comédie française ; et leur succès, aussi insignifiant soit-il, peut être perçu comme une source de fierté nationale qui fait de ce feel good movie le regain d’espoir dont on avait tant besoin. Mais puisque Le Grand Bain ne sort que cinq mois après qu’on l’ait découvert au Festival de Cannes, il faut surtout souhaiter que la comédie française ne l’aura pas attendu pour remonter la pente.
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ceciloule 8 novembre 2018
Cannes 2018 : Le Grand Bain - la critique du film
Pour une fois, je suis d’accord avec toute votre critique. Malice et virtuosité, c’est exactement ça, une bonne comédie avec du fond et sans trop d’effets de style, avec des personnages attachants et une bonne bande-son. Que demande le peuple ? (pour en savoir plus : https://pamolico.wordpress.com/2018/11/08/une-comedie-qui-creve-la-surface-le-grand-bain-gilles-lellouche/)