Le 13 octobre 2024
Un ratage de première pour cette œuvrette oscillant entre polar grotesque et romance à bon marché. On est gêné pour les acteurs peu aidés par des dialogues accumulant tous les poncifs.
- Réalisateur : Gilles Lellouche
- Acteurs : Benoît Poelvoorde, Élodie Bouchez, Alain Chabat, François Civil, Adèle Exarchopoulos, Vincent Lacoste, Karim Leklou, Anthony Bajon, Jean-Pascal Zadi, Raphaël Quenard, Johann Dionnet, Mallory Wanecque, Malik Frikah
- Genre : Comédie, Thriller, Romance, Musical, Policier
- Nationalité : Français, Belge
- Distributeur : StudioCanal
- Durée : 2h46mn
- Date de sortie : 16 octobre 2024
- Festival : Festival de Cannes 2024
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– Festival de Cannes 2024 : Sélection officielle, en compétition
Résumé : Les années 1980, dans le nord de la France. Jackie et Clotaire grandissent entre les bancs du lycée et les docks du port. Elle étudie, il traîne. Et puis leurs destins se croisent et c’est l’amour fou. La vie s’efforcera de les séparer mais rien n’y fait, ces deux-là sont comme les deux ventricules du même cœur...
- © Festival de Cannes 2024. Tous droits réservés.
Critique : Gilles Lellouche a longtemps été davantage connu comme acteur que réalisateur. Après Narco (coréalisé par Tristan Aurouet en 2004), il a participé au film à sketchs Les infidèles (2012). On garde un bon souvenir de son long métrage Le Grand Bain, présenté hors compétition au Festival de Cannes 2018, feel good movie subtil qui révélait un véritable talent de cinéaste, et connut un triomphe mérité en salles. La déception suscitée par L’amour ouf n’en est que plus grande. Adapté d’un roman de Neville Thompson, le scénario a été coécrit par Lellouche, Audrey Diwan, Ahmed Hamidien et Julien Lambroschini. Comment ces talents réunis ont-ils pu concocter un récit aussi grotesque ? Car, et l’on est à regret de l’écrire, rien n’est à sauver dans cette histoire accumulant tous les clichés de la romance discount et du polar à effets.
- © Trésor Films - Chi-Fou-Mi Productions - StudioCanal / Crédit : Cédric Bertrand
Clotaire et Jackie sont deux adolescents au fort tempérament mais qui ne sont pas issus du même milieu social. Le premier est un petit caïd, fils d’un ouvrier brutal (Karim Lemlou) et d’une mère bienveillante (Élodie Bouchez). La seconde, originaire de la classe moyenne, vit seule avec son père (Alain Chabat), un brave homme qui tente tant bien que mal de gérer la crise d’adolescence de la jeune fille. Clotaire et Jackie vivent un amour intense mais un braquage qui se passe mal amène le jeune homme à la case prison pendant douze ans. En en ressortant, il a les traits de François Civil, quand son ex-dulcinée, au visage d’Axèle Exarchoupoulos, a refait sa vie avec un jeune cadre arrogant (Vincent Lacoste). Les retrouvailles ne seront pas de tout repos... Le côté romanesque, sous-West Side Story, est d’une rare indigence, sur fond de couchers de soleil, de baisers sur la plage et de soirées à éclipse, donnant l’impression d’assiter à une interminable publicité pour des produits laitiers. Les séquences de polar, montées à la truelle, avec Benoît Poelvoorde en caïd d’opérette, font émerger une violence gratuite racoleuse, avec bande-son assourdissante et personnages pétant les plombs, entre vociférations et sanglots.
- © Trésor Films - StudioCanal / crédit : Cédric Bertrand
La mise en scène, tantôt mollassonne, tantôt criarde, donne le tournis, avec ses ralentis grandiloquents, comme dans le pire cinéma des années 70, ou son esthétique de vidéoclip. Bref, on est consterné, et sincèrement gêné pour les comédiens, qui font ce qui peuvent pour donner du sens à des dialogues relevant parfois d’une parodie qui aurait été proposée par les Inconnus. On reste également dubitatif face à la présence de ce film en compétition officielle du premier Festival de cinéma du monde. La composition d’un casting alléchant pour une montée des marches glamour suffit-elle à l’expliquer ? Ce long métrage raté et superficiel aurait mieux eu sa place sur Netflix ou autre plateforme de VOD. On reste toutefois confiant dans la capacité de Gilles Lellouche à rebondir, car, répétons-le, son Grand Bain avait montré qu’il était apte à signer un film dénotant à la fois une finesse d’écriture et un style élégant, tant populaire qu’exigeant.
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