Caprice - la critique du film

Critique : Emmanuel Mouret, cinéaste attachant qui apparut un moment comme le digne successeur d’Éric Rohmer, la loufoquerie en plus, notamment avec les prometteurs et réussis Vénus et Fleur, Changement d’adresse , et L’art d’aimer, semble gagner par l’essoufflement. Son dernier opus, Caprice, s’inscrit moins en jalon supplémentaire dans une œuvre en construction cohérente, qu’en une resucée moins solide de ses précédents films, si l’on met à part Une autre vie, avec Joey Starr, où il s’éloignait de son thème fétiche (le marivaudage amoureux) et qui se révéla être un total ratage que l’on s’empressera vite d’oublier.

© Pyramide Distribution

Avec Caprice bien que reprenant ses thèmes habituels, l’hésitation amoureuse, la tentation entre deux personnalités féminines, la gaucherie du personnage masculin, un peu manipulé par le sexe pas si faible..., la magie opère mois. Le rythme languissant et une tendance à la répétition émoussent les plaisirs, et surtout, l’incapacité de faire exister le personnage principal de Clément qu’il incarne, instituteur maladroit, autrement que dans la comédie pure, n’est pas totalement satisfaisant.
On ne croit pas un seul moment au couple qu’il forme avec Alicia (Virginie Efira), beauté blonde, actrice à succès, quand le grain de sable mis sur leur chemin, la délicieuse Caprice, jouée par Anais Demoustier, apparaît comme un gimmick artificiel. La jeune comédienne s’attache à lui, le colle et le déstabilise dans son insistance. Un personnage de tête à claques, propre au tempérament facétieux de la comédienne.

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Au final, Mouret réalise un film aimable, parfois drôle. Anais Demoustier y est pour beaucoup en insufflant candeur et pugnacité à son personnage, quand le jeu de Virginie Efira est plus poussif. Mais Emmanuel Mouret use et abuse de son propre personnage, au risque d’apparaître comme une caricature de lui-même.
Très écrit, jusque dans son humour décalé, l’univers du cinéaste, en mode bis repetita, séduit encore mais commence à caler. L’auteur devra se réinventer un peu ou creuser davantage ses personnages pour retrouver le niveau d’avant.