Le 8 mars 2025
À travers trois points de vue différents sur la relation amoureuse, se dessine le portrait de trois femmes modernes dont les idées, aspirations, sentiments s’enchevêtrent et s’entrechoquent pour nous convier à la découverte d’un essai universel sur l’amour.


- Réalisateur : Emmanuel Mouret
- Acteurs : Éric Caravaca, Sara Forestier, Vincent Macaigne, Brice Fournier, India Hair, Camille Cottin, Grégoire Ludig, Damien Bonnard
- Genre : Comédie dramatique, Romance
- Nationalité : Français
- Distributeur : Pyramide Distribution
- Editeur vidéo : Pyramide Vidéo
- Durée : 1h57mn
- Date de sortie : 6 novembre 2024
- Festival : Festival de Venise 2024, Festival2Valenciennes 2024

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– Sortie DVD/Blu-ray : 6 mars 2025
Résumé : Joan n’est plus amoureuse de Victor et souffre de se sentir malhonnête avec lui. Alice, sa meilleure amie, la rassure : elle-même n’éprouve aucune passion pour Éric et pourtant leur couple se porte à merveille ! Elle ignore qu’il a une liaison avec Rebecca, leur amie commune... Quand Joan décide finalement de quitter Victor et que celui-ci disparaît, la vie des trois amies et leurs histoires s’en trouvent bouleversées.
LE TEST DVD (éditeur : Pyramide Vidéo)
- © Pyramide Vidéo
Les suppléments :
Les suppléments, que nous trouvons également sur le support le Blu-ray, sont au nombre de trois et le spectateur peut se réjouir de leur qualité :
– Entretien avec Emmanuel Mouret avec Télérama (10 minutes) : le réalisateur met en avant le risque de dire "Je t’aime" ; il confie avoir voulu brosser le portrait de trois femmes qui s’interrogent sur l’amour et leurs amours ; il dit que premier fil de l’histoire est la disparition de Victor ; il confirme avoir voulu mettre de la légèreté dans son film ; il confie que l’amitié féminine est évidemment un élément clé de son récit ; etc.
– Scènes coupées (14 minutes) : quatre moments n’ayant pas échappé au montage mais apportant un éclairage intéressant sur Trois amies.
– Place aux vivants : analyse du film par Louise Dumas, critique de cinéma (10 minutes) : elle met en avant le choix inédit de Lyon, source de dépaysement, dans la filmographie d’Emmanuel Mouret ; elle souligne l’importance de l’espace et du temps ; elle insiste sur choix topographique pour ouvrir et ancrer le récit ; elle nous rappelle que le seul acteur du film ayant déjà tourné avec Emmanuel Mouret est Vincent Macaigne.
– Bandes-annonces.
L’image :
Emmanuel Mouret nous invite à une déambulation à Lyon et ses alentours à travers une diversité de lieux. Nous pouvons oser affirmer que sa caméra "poétise".
Le son :
Le tout est d’excellente qualité. Les dialogues, au-delà de leur qualité textuelle, sont impeccables à l’oreille et ont un fort potentiel de séduction faisant mouche.
Éric Françonnet
Critique : Après Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait et Chronique d’une liaison passagère, Emmanuel Mouret s’affirme comme l’un des meilleurs troubadours du cinéma français. Tel le poète des siècles passés, il brille à trouver le mot juste et y associer la musique adéquate pour observer, encore et toujours, les variations amoureuses au sein de couples insatisfaits à la recherche d’une duplicité fluctuante.
- Copyright Pascal Chantier
Un postulat de base somme toute assez banal, auquel le réalisateur ajoute, pour notre plus grand bonheur, sa sobriété, son romantisme et son amour de la langue française, accordant à celle-ci comme à toutes ses œuvres un aspect joliment désuet. La voix off à laquelle Vincent Macaigne prête son timbre remonte le cours de l’histoire afin de nous présenter d’emblée le lieu et les personnages de cette nouvelle création qui fait la part belle aux femmes. Trois femmes liées par une solide amitié cependant pas dénuée de failles et trahisons, trois enseignantes contemporaines investies d’un savoir qui ne les exempte pourtant pas de la même perte de repères que les autres, trois parcours de vie irrigués de rêves de liberté et d’amour paradoxaux pour une comédie qui entremêle tragédie et douceur. C’est autour du destin tragique de Joan (India Hair) que se cristallise la tonalité de cet échiquier amoureux. Si elle éprouve toujours de l’affection pour Victor (Vincent Macaigne), dont elle partage la vie depuis de longues années, elle doit s’avouer qu’elle n’en est plus amoureuse. Victime d’une honnêteté absolue, elle se sent dans l’obligation de le lui avouer, conduisant à un malheur qu’elle n’avait pas prévu et dont elle se sent, à tort ou à raison, responsable. À l’inverse, Alice (Camille Cottin), d’un naturel bien plus insouciant, préfère la raison à la passion et se satisfait de cette relation rassurante avec Éric (Grégoire Ludig), tout en restant ouverte à toutes les opportunités. Enfin Rebecca (Sara Forestier), instable tant professionnellement que sentimentalement, incarne la fantaisie et la décontraction. Et si les hommes sont laissés à l’arrière-plan, la douceur et la magnanimité dont ils font preuve participent amplement au climat de sérénité, additionné d’une bonne pincée d’ironie, qui plane tout au long du film.
- Copyright Pascal Chantier
C’est donc tout naturellement et sans jugement que l’on s’attache à ces personnages dont la complexité nous émeut , tout en nous renvoyant à nos propres contradictions, d’autant qu’ils sont interprétés par une savoureuse pléiade d’acteurs, tous plus convaincants les uns que les autres. Une mise en scène fluide et vivante, abritée au cœur d’un format panoramique, offre des plans généreux et colorés sur les paysages naturels autant que sur la diversité architecturale de Lyon et de ses environs, en écho à la vivacité et à la variété structurelle de ses protagonistes. Ce choix de cadrage renforce l’aspect romanesque, d’autant qu’une touche d’onirisme, aussi inattendue que légère, s’invite dans cette chronique galante.
S’il reprend certes tous les ingrédients d’un cinéma qui n’appartient qu’à lui, Mouret, cette fois, les enrichit de situations inédites et accorde ainsi une tonalité nouvelle à son œuvre.
Claudine Levanneur