Le 15 avril 2025

- Réalisateur : Sergei Loznitsa
- Festival : Festival de Cannes 2025
News : Deux procureurs de Sergei Loznitsa est présenté en compétition officielle au 78e Festival de Cannes.
Résumé : Union Soviétique, 1937. Des milliers de lettres de détenus accusés à tort par le régime sont brûlées dans une cellule de prison. Contre toute attente, l’une d’entre elles arrive à destination, sur le bureau du procureur local fraîchement nommé, Alexander Kornev. Kornev se démène pour rencontrer le prisonnier, victime d’agents corrompus de la police secrète, la NKVD. Bolchévique chevronné et intègre, le jeune procureur croit à un dysfonctionnement. Sa quête de justice le conduira jusqu’au bureau du procureur général à Moscou. À l’heure des grandes purges staliniennes, c’est la plongée d’un homme dans un régime totalitaire qui ne dit pas son nom.
– Scénario : Sergei Loznitsan, d’après le roman de Gueorgui Demidov
– Distributeur : Pyramide Distribution
– Principaux acteurs : Aleksandr Kuznetsov, Aleksandr Filippenko, Anatoliy Belyy
Sergei Loznitsa à Cannes :
2010 : My Joy, Compétition officielle
2012 : Dans la brume, Compétition officielle : Prix FIPRESCI
2014 : Maidan, Sélection officielle, séance spéciale
2017 : Une femme douce, Compétition officielle
2018 : Donbass, Un Certain Regard : Prix de la mise en scène
2021 : Baby Yar. Contexte, Sélection officielle, séance spéciale : Œil d’or (accessit)
2024 : L’Invasion, Sélection officielle, séance spéciale
- © Photo : Aleksandr Kuznetsov / 2025 Pyramide Films. Tous droits réservés.
Bien que son film soit une coproduction européenne n’ayant pas impliqué l’Ukraine, Sergei Loznitsa fait son retour à Cannes alors que le pays dont il a nationalité est victime d’une agression militaire russe depuis 2022, et que la situation se complique depuis le retour de Donald Trump à la présidence des États-Unis. La présence en compétition officielle du réalisateur aura peut-être un impact sur le jury, d’autant plus que Loznitsa a jusqu’ici signé des œuvres remarquables. Pourtant, Deux procureurs, inspiré d’un matériau littéraire, n’a pas pour cadre la Russie actuelle mais l’Union soviétique, à un moment de l’Histoire où les purges staliniennes sévissaient. De quoi y voir peut-être une métaphore de la Russie autoritariste de Poutine. Né en Biélorussie mais ayant grandi en Ukraine, Sergei Loznitza, de formation scientifique initiale, s’est lancé dans le cinéma après la chute de l’URSS, et a brillé dans le documentaire comme la fiction. S’il a toujours défendu la culture et la langue russes (ce que lui ont reproché certains de ses détracteurs), il n’a cessé de dénoncer la position de la Russie vis-à-vis de l’Ukraine. Ses documentaires Donbass et L’invasion sont à ce titre des témoignages sans concession de son engagement politique. Mais le réalisateur révèle une inspiratrion créatrice en puisant surtout dans l’Histoire, avec une prédilection pour la Seconde Guerre mondiale. C’est le cas de Dans la brume, qui n’avait peut-être pas été apprécié à sa juste valeur à sa sortie ; ou du documentaire Baby Yar. Contexte, sur un massacre de juifs ukrainiens en 1941. Le meilleur film du cinéaste demeure peut-être Une femme douce, librement adapté de Dostoïevski, d’un bel élan kafkaïen, et critique explicite, sans recours aux ficelles du film à thèse, des atteintes au libre arbitre et aux droits humains.